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LA COLLINE AUX CIGALES
17 janvier 2014

La corolle des cœurs humides.

imagesCAMQNZGEL’encrier est ouvert. Un papillon se pose sur la plume. Notre jour écrit l’importance qu’il y a à se taire. Une fleur s’enlise dans la joie à venir. Je suis couvert de sang comme l’amour du premier jour.

Le trouble du passé est encore devant nous. Nous respirons l’air aux pieds des labours. De longues tranchées silencieuses traversent nos gorges ouvertes. L’espace se décachette comme une blessure. La mémoire est furieuse. Elle a perdu sa notice. Hier s’étouffe comme un feu sans oxygène. Sans doute avons-nous trop brouté à la fumée qui nous recouvre. Nos regards planent sur la nuit comme des oiseaux rapaces guettant leur proie du haut du ciel. Tôt ou tard, il nous faudra scarifier l’œil du cyclone et broyer l’image oppressante de la perte. Sans le savoir, nous avons ouvert le monde à la submersion et nous sommes tombés à la renverse. Face à terre, nous mesurons la durée qui nous éloigne comme une couturière prend les mesures de la robe du temps. Nos yeux sont des gouttières et nous résumons l’heure à ces quelques gouttes d’ombre venues mourir dans la clarté qui corrompt la blancheur. 

Nos antécédents ont semé une trace indélébile sur le vibrant de l’existence. Les événements, moulus comme des épis de blés mûrs, déposent une fine couche blanchâtre sur le rouge de nos sangs récurés. La mélasse farineuse supporte mal qu’on la remue. Le mouvement trouble la clarté à venir et brouille le présent immédiat.

La mélancolie est une jeune fille voilée par la corolle des cœurs humides. Elle se promène dans la brume feutrée et s’assoit au bord d’une boutonnière. 

Il n’y a plus de choix pour l’histoire que je porte en moi. C’est un sommeil à jamais éveillé sur le coin de mon lit d’enfance. Agenouillé devant la cicatrice comme devant un précipice, le vertige me guette. Non, il n’y a pas d’autre choix que celui de manger à l’écuelle du souvenir, d’absorber l’onde qui se contracte dans mes poumons. Sans toi, l’horizon est sans fond. Avec toi, le panorama est une cascade d’événements qui s’effondrent dans la faille de mon désir laissé ouvert comme un commerce à mille temps, à mille rythmes d’inondations boueuses. 

 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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