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LA COLLINE AUX CIGALES
14 décembre 2013

Dans l’abandon de la joie.

DSC_0066_France_Nu_Jeune_Femme_Concours_Beaux_Arts_avant_guerreLe bien-être que je fabrique malgré moi défroque toutes mes tristesses. La poursuite de la satisfaction et de la joie n’est plus une route sinueuse mais un détroit au bout duquel je me risque à lâcher prise sur le chagrin. La peine s’est raréfiée de son essence intuitive et j’accède plus aisément aux mirages compensateurs. Joie utile ou exaspérée, c’est dans ce jardin d’herbes tendres que je cherche la désaliénation de mon désir. Mon être déborde d’eaux vives, mes ruisseaux apaisent leurs flux permanents grâce à leurs longs trajets qui serpentent jusqu’à la Camargue. Mon imaginaire déploie l’amour libéré de son ultime brouhaha. C’est ainsi que j’accède à une escale de paix. C’est ainsi que je rayonne malgré l’ombre de mes faiblesses. Mon autonomie, je la puise dans l’abandon des forces qui me dépassent. Mistral et la Renaude portant mille ans sous leur gilet marchent toujours l’un vers l’autre comme deux solitudes affrontent le hasard des rencontres. Notre ciel s’est lavé de ses vieilles étoiles écornées. Maintenant, nos deux cœurs nus sont cachés derrière la lune.

Il se peut que le monde ne soit pas celui que je vois, mais je suis entièrement accaparé par ce que j’en vis.

Les murs détruisent les vents et ton haleine de papillon transperce tous les éléments. Mon cœur est un promeneur. Il arpente les digues qui longent le Rhône et traverse les champs pour écouter la cigale du soir s’endormir dans la colline. Ton visage demeure sur la croûte de mes plaies comme un verni incolore. Nos sangs emmêlés tiennent leur promesse. Dans les réseaux souterrains, sous les fontaines de l’ombre, une douce musique scintille encore comme une guirlande sous la mousse recouvrant tous les cimetières.  

La lumière est tordue, une poudre d’espoir sur l’aride pesanteur se répand comme un jet de mitraille. Néon entre les poumons, des éclats de verre voudraient reconstituer la flûte avec laquelle nous trinquions les soirs de pleine lune. 

Entrechoqué de fleurs et de rocaille, le printemps ravive les couleurs d’avènement. Comme un paragraphe de coquelicots sous les paupières, mon sommeil s’en va reposer les flammes du désordre que le jour lui a confié. Je suppose que l’amour tisse les corps mieux que les esprits. Rouge flamboyante, la chair s’émancipe du sang qui la remplit. Le temps qui ne m’est rien emporte avec lui le carnage des heures de plomb.

 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
S
Nous ne sommes que château de sable que le temps emporte si vite dans sa houle.
M
Cher Bruno,<br /> <br /> Vos mots me font pleurer : Il s’agit de la vie, avec tout ce qui est beau, doux et amère, parfois très difficile et merveilleux ... et puis cette sagesse, ce détachement qu’on apprend et qui ouvre la perspective de notre cœur et de notre esprit à l'amour, à l'espace du dedans, à la liberté ... La Vie avec ses chemins, on la voit comme un passage, et lorsque le regard s’éloigne, une nouvelle qualité de la présence est là … La richesse de Votre cœur et de votre esprit sont un enrichissement pour tous. C’est vrai, vous savez, que nous sommes une grande Unité. Je pense à vous … Merci
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