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LA COLLINE AUX CIGALES
6 décembre 2013

Il faut retourner à la racine de la nuit.

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Mais, nul cœur ne peut se briser lorsqu’il a cessé de battre. Mais, nul cœur ne s’avoue vaincu par l’extinction des sens et des torréfactions indicibles. Toutes les nuits se traversent dans la frénésie des souffles éteints. Des bruits à peine perceptibles crapotent parmi des halos d’étincelles intermittents. Dans l’urgence des braises, nos ambulances sont des rêves velus où s’entortillent les bracelets de nos émotions. Des étoiles perdues signent dans le ciel de nos mémoires des jalons de bombarde, des explosions de repères, des bornes d’incandescences comme des phares nourris de hautes vagues incertaines. 

L’amour est un voyage. Un aller simple. Sans assurance. Une porte ouverte à l’aventure pour nos déserts de vie.

Ma main tient le feu. La braise coule du ciel. Evadé de je ne sais où, je prends le large et je m’exile comme une boule de suie traverse la mélopée. Mes lèvres retiennent l’air qui se retrousse sous mes os. Des ruisseaux croisent l’océan et je chavire dans le regard semi clos des engelures anciennes. Mon cœur s’entiche de mon âme, et je ne fais qu’un dans la brousse de ta peau.

Nos silences sont des bains de mousse dans lesquels je m’évapore et, dans une heure ou deux, nos corps seront ensevelis par des baisers éternels.

Rien ne peut s’installer ici. J’ai abandonné l’ombre creuse pour te conduire à la pleine lumière. Mais toujours court-circuité par l’évidence, me voilà en train de marcher à l’envers sur le rebrousse-poil des nostalgies gluantes. Manchot, je te tiens dans le coquillage qui a perdu sa perle. Impotent, j’accède mal aux rives de sable sur lesquelles nous avions inscrit nos plus tendres murmures au fond des années. Mais qu’importe. Il faut aller, il faut retourner à la racine de la nuit rayée comme un disque de vinyle où se répète en boucle le désespoir. Il faut dépasser le sillon endommagé et reprendre le rythme. Il faut parcourir le cylindre jusqu’à la dernière trace, jusqu’à la dernière empreinte.

 

 

Extrait de : L’Amour, ce désastre indispensable - Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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