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LA COLLINE AUX CIGALES
5 décembre 2013

Ta vie vaut la mienne.

GURIN__1Nous incarnons l’étroitesse de nos aspirations. Nous sommes le visage des syllabes non dites. Un éclair s’est dépecé sous nos peaux. Le pouls furtif des flammes a fait vibrer les voiles de nos tendresses. Mais, ce qui s’est perdu n’est pas parti bien loin. Refusant le labyrinthe de la mort ultime, notre chapelle d’unissons interroge toujours le clair mutisme de nos os. 

La vie pleure pour éteindre les flammes qui s’échappent. Elle arrose inlassablement la fournaise. Elle s’exténue à réduire la cadence du feu. Elle s’épuise à briser la chaude lumière qui l’a fait fondre. Puis, elle rebrousse chemin, elle renonce, accablée et usée. Elle titube, ensorcelée, assiégée par les sirènes qui l’attirent dans les mailles fines où se tricotent l’endormissement total.

Alors, le jour lape la nuit dans une dernière brassée de lanternes et s’endort dans l’aurore naissante comme un éclat de vie sur le rebord d’une fenêtre. 

L’ombre est un point d’équilibre pour l’accident de la lumière. La réalité quitte mon corps dès qu’elle tripote le merle perché dans mon ciel de papier. Tu presses le poignet des temps rapprochés et les arbres nus coulent comme des rivières bavardes. L’impulsion du cristal entre les roseaux ouvre la digue et les mirages inondent le sable qui borde mon cœur. Ma respiration gicle sur l’horizon du destin. Voilà que tu pétilles dans mon verre. Eliminons les fausses pistes, allons boire aux pies des heures douces. J’abandonne la revanche des vies monotones. Je lis dans mes veines l’oracle du meilleur. Ta vie vaut la mienne. Et ta mort n’a pas prêché de plus grands augures. Mise à l’eau, la pirogue des sens se noiera ou nagera. La lune a compris son cycle et nous le nôtre. Tout le monde dort dans l’accomplissement des cercles. Vénus regarde tous les cailloux perdus, orphelins de leur mère. Et moi, je te vois encore malgré le temps qui t’efface. « Il est grand temps de rallumer les étoiles* ». *Guillaume Apollinaire, Les Mamelles de Tirésias.

 

 

Extrait de : L’Amour, ce désastre indispensable - Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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