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LA COLLINE AUX CIGALES
28 novembre 2013

Je n’existe plus là où tu fermes la marche.

23_Nude

Depuis la hauteur des dunes, le ciel en brèche ouvre toutes les routes. L’air n’a pas eu le temps de s’émacier. Dans l’étoffe froide du matin, la beauté impersonnelle des lueurs déboule sur la pierre vivante. Le jour renaît dans chaque poitrine et la lumière fissure la nuit gisante comme une luzerne rasant les poutres.

Peu de cœurs se frottent aux orties où se prolonge l’onde râpeuse. Un amour sincère pleure dans la nuit comme un saxo à bout de souffle. Comme des arbres sans racines, des regards vagabonds s’envolent au bout du monde. L’heure n’a pas dit son dernier mot. Elle guette les sources naissantes dans la confession de l’ombre.

Une fois encore, cloué dans la nuit, je cherche dans ma mémoire les moments de bonheur justifiant les gorgées de mon cœur. Les gestes accomplis par mon esprit se meurent collés à ta présence passive. Dans la vase profonde, je retrouve des pièces perdues et des fumées d’enclume. Une brouette parmi les marécages file dans le brouillard. L’instant imaginaire est ébréché. Une fiole de tristesse s’est brisée dans mes veines. Ma pensée flotte dans les courants qui me reviennent au visage. L’aigre douceur m’entraîne parmi les songes avec les reliefs de nos braises noircies. Quelques lueurs désastreuses caressent les crevasses où nos bouches sont englouties. Nos ombres épellent des prénoms et nos sangs submergés inondent notre passé. Un soleil transperce mes paupières et dessine la tempête endormie. Il n’y a pas d’aurore qui puisse soutenir le face à face de nos cœurs. L’horizon fléchit à son zénith comme les branches d’un acacia sous la mitraille du vent. Un bougainvillier survit dans le désordre où mes sens ballottent comme des chiffons secs. Mes lèvres trébuchent toujours sur ton absence. Je décuve des noirs brouillons de la nuit éternelle. J’écoute pousser dans mon jardin une fleur d’été au cœur de l’hiver. Tu es l’antre perçu et le colmatage inachevé. Le trou de béance demeure un cimetière de lumières fauves parmi les croix érigées sur la terre damée par les ombres. Mon cœur cherche à fuir la nostalgie qui inlassablement repousse comme du chiendent. Je n’existe plus là où tu fermes la marche. Le temps qui passe reconstruit le silence. Des lampadaires bordant la jetée s’éclairent par intermittence et je dors sous les lampes. A l’instant, je suis encore traversé par tes parfums et de la buée grise se pose sur les mots que je t’écris.

 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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