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LA COLLINE AUX CIGALES
16 novembre 2013

Au plus près de l’évidence.

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Il faut oublier le réel. Il faut jeter son âme dans le désordre des tourbillons lointains. Après les coups de bambou, les coups de Jarnac et les coups de cœur, il n’y a plus besoin de pages à ce livre. J’écris dans les landes où l’air se dresse comme un refuge désossé par les courants d’air que les baisers transpercent. J’entends battre ton cœur et l’écluse du souvenir s’ouvre comme une baie trémoussant de roses fraîches. Des mots légers poudrent l’atmosphère où des spectres multicolores dansent le tango des cimetières. La lumière joue sur ton corps au milieu du chaos, et si je poursuis encore, je n’aurais jamais assez d’ombre pour t’accueillir dans les jardins de ma bienveillance. Je cultive la résonance qui s’imbrique entre toi et les spasmes d’un passé renifleur. J’arrose le lever du jour avec la machine à rêve qui ne connaît rien à ce monde. Tu voles d’étoiles en étoiles et à te suivre ainsi, mon bateau chavire.  

L’orage tonne, les sens détonnent et l’écriture pleure l’eau de mes pensées. Sauvages couleurs qui nous touchent et nous râpent avant de gorger ma chair de clapotis rieurs et divagants. Plus vivants que l’existence d’un corps, nos cœurs remaillent les filets bleus de la lumière et ta voix emprunte le Mistral pour clamer la résurrection de la beauté.

Nous faisons crédit à la douleur jusqu’à ce que l’horizon revienne briller dans nos sangs. Nous respirons le même embrun, fait d’étincelles et de bouffées de lavande. Le silence nous enserre dans ses bras de velours, puis nous tamponnons le vide comme un buvard absorbe le jus de la matière. Le premier chemin du monde connaît la source de chaleur où l’ivresse est un jeu, une farce, un amusement. Ton cœur prolonge le mien dans l’illisible tempête et répond à l’écho de lumière qui crache ses couleurs de papillon. Chacun de nous brise le silence de l’autre et, dans les confins de l’inimaginable, nos lèvres sont des purines de joie éclatées dans l’infini. Aux abords de la colline, les pins qui entourent le Mas Monge sont devenus des aiguilles à tricoter la tendresse. Un lieu plus qu’un autre ouvre ses bras à l’émotion dégoulinant de nos lymphes.  

J’ai longtemps vécu dans la marge. A présent, je suis devenu l’intervalle, lui-même. Je ne peux plus connaître la terre ferme à proprement parler. Mais, j’accède à la légèreté de l’excellence sans me soucier de paraître. L’amour peut être un remède pour les maladies de l’existence, pas un traitement contre la tragédie des événements. Du bord des nuages en flammes, je le proclame : l’amour est la juste main de la survivance.

Partout où je suis, tu m’éclabousses comme la vague d’écume chute sur le rocher. Partout où l’absence se glisse, j’entends ta voix comme une musique douce les soirs de veillée. Tu ne colles plus aux désastres du jour, tu redonnes vie aux clairières sombres et ta présence s’engouffre dans le regard que je pose sur le monde. Il faut être fou pour s’ajuster sur le réel, il faut défier les manigances de l’aube lorsqu’elle touche à la préciosité de nos vies. La terre tourne sur elle-même pour que nous goûtions à la sensation d’en être son épicentre. Même la nuit, nous en faisons une couverture douce pour combler nos lézardes. Nos cimentières hurlants sont des tentatives d’insurrections, des relents de révoltes inassouvies. Nous avons en commun le projet de la fusion du feu, de l’eau et de la terre. A présent, nous regardons le monde tel que nous le voyons. Il n’y a plus rien qui ne soit périssable. Ce n’est pas sérieux d’être amoureux sans éprouver une terrible sensation de liberté. J’aime au plus loin de moi-même, cela recentre mon cœur. Au plus près de l’évidence, ma chair reconnaît les tentatives de la lumière. Ce n’est pas grave de vivre et de mourir. L’amour se fout des noms qu’on lui donne. Nos lits sont des tapis volants où nous compensons l’incertitude de nos expériences.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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