On ne s’échappe pas.
Nous avons échoué sur une plage vierge. Une île faite d’amour et de brins de muguet. Nous habitions alors les cartes d’un tarot, incarnant tantôt un pendu, tantôt l’excuse, tantôt le bateleur.
Mon cœur se lève au-dessus des labours comme une autre lumière survenant dans le jour. Et partout le feu s’oppose à la nuit. Chaque ferveur brise le silence qui nous protège et nous ensevelit. La mort est la plus sûre liberté. Mais je la refuse ! Ce lieu où tous les combats s’annulent, je veux y accéder en perdant tout. Je veux croire en une liberté sans choix nécessaires. Je sais, c’est déraisonnable. Mais, je m’en fiche !
Il y a tant de choses que je ne veux pas savoir. J’aime penser en roue libre. J’aime courir après cette pelote d’air qui se dévide toute seule. J’accepte mon ignorance et je la revendique. C’est mon bouquet d’évidences, mon chapelet de quiproquos, c’est ma porte ouverte vers ce qui reste dissimulé sous la voûte où les débris s’entassent.
On a toujours le choix. Du plus exalté au plus désespéré. Notre existence se plie à notre détermination.
La longue marche existentielle nous contraint à souffrir, à détester, à rejeter, à prendre ce qui est. Et bien plus encore ! A force de croiser le soleil, mes yeux en oublient son ruissellement. La constance de l’éphémère se heurte à la dureté des imprévus comme aux sournoises étendues qui durent. On ne s’échappe pas. Jamais. Ni de soi, ni de l’histoire que l’on a vécue. Il s’agit seulement d’une intensité plus ou moins violente, d’une huile brûlante remplaçant notre sang et d’un coton adoucissant la cicatrice.
- Bruno Odile -Tous droits réservés ©