De sombres bruits me reviennent.
L’ignorance est bavarde, elle qui ne sait voir au-delà des rivières du savoir. Elle raconte pourtant plus de vingt siècles ballonnés de silence cru. Il y a dans la morale acquise, la suffisance des interdits et les insuffisances des bonheurs sages, mal ordonnés et mal enregistrés. De sombres bruits me reviennent comme des boomerangs grondant la déprime. Insatiables d’air et de vertus, je couine comme la sonnerie enrayée d’une alarme.
Porteurs de musique sans note, nos cœurs chantent l’été en plein cœur de l’hiver. Nous n’aurons pas froid dans la neige et nous consumerons sans compter le soleil qui nettoie nos visages. Incomplets comme un théâtre sans acteurs, nos comédies seront les facéties d’un monde nouveau. Nous demeurerons inassouvis mais nous comblerons nos lacunes avec l’ardeur d’être là, confiants de nos sources.
Nos respirations s’halètent aux mamelles des mémoires défroquées, à la perte et aux noyades que le temps avale.
Pour résister à des facteurs perturbants, ma conscience s’est faite liquide. Le murmure de l’eau est devenu un silence tactile. Toute mon attention suit ton chemin. Et, je sens tes lèvres fredonner la fugue de Bach sur la rive projetée où toutes mes humeurs vont se crucifier.
- Bruno Odile - Tous droits réservés ©