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LA COLLINE AUX CIGALES
13 octobre 2013

Un radeau dans la voix.

dyn007_original_886_1188_pjpeg_2534506_0fbc4c06372c85011e1a49f0f9c0affbJe nage dans la matrice sombre où la brasure est encore chaude. L’heure qui interrompt notre conversation naît dehors dans la foison de sel et d’écume. La rumeur qui nous encercle n’a pas de frontière, elle livre sa couenne partout où la certitude est une décharge.

Quel goût aura l’aveu après qu’il nous ait transpercés ? La chair qui ne cède pas au chaos se durcit au contact de l’air. Lorsque ta mort parle plus que de raison, elle assouplit le désastre de la léthargie qui nous domine. 

Tu t’es couchée avec un trou dans le ventre et moi je n’ai de cesse de convoquer ce grain de sable qui a connu la mer dissoute. Ton absence est innommable, les mots la percutent et la nuit crie l’aube perdue. Rien ne fait taire l’interminable refrain où toutes les idées sont dans le désœuvrement. La perte est hors du langage mais ton empreinte flotte toujours dans mes pensées. Nos corps désintégrés et sans limite iront rejoindre le dénuement de la matière où survit la métamorphose et le transfert de l’angoisse. Nous serons cernés par le tourbillon des étoiles et nous reconnaîtrons la peau du désarroi qui nous est commune dans la cruelle beauté d’une étincelle. 

Plutôt l’audace de la vie que la nature morte sous nos doigts. Plutôt l’insoluble désarroi du monde que la promesse éculée d’un paradis sur terre. Plutôt toi que le vide sidéral. Je porte avec moi l’enfant qui n’a pas connu sa naissance et qui pourtant respire à tes côtés.   

T’aimer m’apprend à m’aimer. Te dire m’enseigne la parole. Je me réveille dans ton rêve, dans un halo blanc, dans une nuit en plein jour. Avant, nous étions seuls. Avant, l’heure parcourait nos éboulis comme une truite obnubilée par le franchissement du courant contraire. Aujourd’hui, un nouveau printemps sonne à la porte. Maintenant, la mort est une image dans l’album surexposé au rayonnement de l’amour. J’ai conquis une part de l’éclair et je marche sur ton cœur. J’ai un radeau dans la voix, un cirque derrière les nuages, une mousse mouillée dans le gosier.

L’olivier ne connaît sa force qu’à la fin de l’hiver.

Un être d’amour s’en va et le givre reprend son souffle.

Le froid se tisse comme une laine.

Fidèle, la mort rassemble ses forces sur nos faiblesses.

Fidèles, nous accordons à nos existences la conviction

Qui nous aide à transcender notre destin.

 

L’adieu est fini. Le temps de le dire, c’est fini. Une bergère m’appelle. Des moutons planent au-dessus de la faille des blessures. Mon spleen porte une casquette et ma mémoire rejoint le hibou sur sa branche rabougrie.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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S
Tes mots occupent tout le ciel..La lune n'a qu'à bien se tenir.
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