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LA COLLINE AUX CIGALES
12 octobre 2013

J’ai des grains de peau sur la langue.

b5bf87e453a591d73efddef4f0f6c1f899233095_1359057378_crop_2x3Hier est parti si vite qu’aujourd’hui lui ressemble. Est-ce que nous avons survécu à la poisse criblée de désarroi morbide ? Nous sommes tenus par des oiseaux ou par des étoiles. Je crois qu’à un certain moment, le chagrin se rend compte qu’il est le résultat de quelque chose de plus grand.

Hier encore le temps nous a donné des bulbes d’air à moudre. Et ce matin, tout ce qui a disparu chante avec le soupir des ombres. Demain, l’heure nouvelle sera fraîche. Elle brassera l’aube avec la nuit et nous parlerons ensemble de la veillée où nous avons soufflé les bougies. Le jour se lève, il faut à nouveau manger à nos souffles et boire à la promesse de la lumière.

J’ai des rimes confidentielles qui poussent sous la peau. J’ai dans les mains une pelle creusant la terre et une autre rebouchant la fissure. Ta présence accompagne les traînées éphémères qui lanternent le ciel d’une pluie de fils blancs. Tu es là où je ne t’attends plus, tu frictionnes la distance qui nous sépare comme on frotte la sueur des mémoires endormies, comme l’heure essuie les horloges qui bavent leur trop plein nostalgique. 

« Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure. »

- Guillaume Apollinaire, Le pont Mirabeau.

Il y a une autre lumière en gestation. Des couleurs sont ballottées dans nos poches trouées. La main du temps recouvre l’insuffisance. Dés à présent, le seau des ombres est vidé. Une clairière s’ouvre comme une parenthèse, il semble qu’une seule voix sans fin la porte et la profère. L’amour est si près de nous qu’il frôle nos joues. La vérité ne trouve jamais de refuge. Il y a un autre moi qui me parle et nous sommes deux à chercher la trêve sur laquelle la blessure n’a pas de prise. Le temps est patient. Le monde est répété et la vie s’accoquine avec la brièveté. Tu es partie et ton ombre demeure.

L’amour, ce n’est pas la pleine lumière, c’est le résultat d’un épanchement sur le vide qui produit les sensations chaudes où nos cœurs peuvent se souder. Tout mon être est une faille ouverte qui absorbe les messages telluriques. Mon cœur ressurgit derrière chaque souffle. J’ai des grains de peau sur la langue et des orgelets dans le regard. La nuit silencieuse est montée sur la marche la plus haute, elle a hissé la toile sur laquelle tu es imprimée. Dans un demi-sommeil brûlant, mon rêve est devenu de la cendre. Je voulais recouvrir l’ombre où tu dormais, en embrassant les joues de l’obscurité mais le ciel est en feu et l’ombre est partie. 

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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