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LA COLLINE AUX CIGALES
8 octobre 2013

J’écume l’heure nouvelle.

10533J’habite une maison sans clé. Entre l’océan et la mer, les plages et les falaises contribuent à l’épanchement du vin que je bois. Sans toi, les rives qui jalonnent mon existence n’auraient jamais été ce que je pense maintenant. Je ne cautérise pas les plaies, je les noie dans les aubes futures. Je catapulte ce que j’ai acquis d’expérience sur le précaire rebord d’où je vois l’horizon. Je tiens à conserver ce que je ressens mais je m’en défais à chaque marche nouvelle. La lutte pour la survie engendre la métamorphose. Je mue vers l’avenir et je griffe sur mon passage toutes les pierres qui sont restées dans mon jardin. L’encre revendique les mots qui me viennent. J’écris une trace inaudible pour le commun. Je me désenclave de l’unique pour doucement redevenir le compost du multiple et de l’ensemble. Mon sang bat dans un cœur où la rouille dépose d’épaisses goulées de souffles morts. 

Tes yeux ont laissé une trace indélébile sur les choix qui m’anéantissent. Je ne voudrais garder qu’un peu d’air pour veiller ma vie au-dessus de l’entaille des jours disparus. Tout me bouscule et mon refuge n’a de consistance qu’à l’orée des frontières où je ne suis plus moi. Je transpire le sang des pierres que j’ai avalé. Je suis nu comme la peur et ivre comme la mort. La résonance est inhabitable. Le silence rachète les ombres tubulées qui dorment en moi. J’appartiens au feu du monde, à l’écorce lascive enveloppant l’éternité. Je suis le lâcher prise engoncé dans la mémoire. Je meurs de ce que je suis pour devenir un autre moi-même.

Je cueille ta voix muette dans les bulbes de mes frissons. L’impossible, c’était hier. Le jour revendique l’éclat à la lumière qui l’habille, il possède l’onde qui devient sa sentence. Et si hier avait des formes sanglantes pourquoi aujourd’hui ne serait-il que l’aveu de son sang ? J’étaye le madrier où repose le givre des heures de fournaise. J’écume l’heure nouvelle d’une mousse grise que le soleil lavera. Je porte en moi la vie que tu m’as donnée et je ne déteste plus ni la semence à venir, ni les faux pas qui l’ont enfantée. Ce n’est pas moi qui déraisonne, c’est le temps qui a brûlé l’horloge. 

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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