Nos cœurs sont des nids d’étoiles.

Je suis le dernier de nous deux à serrer la poitrine de la mort dans mes bras. Je suis seul à longer les pointes saillantes qui entourent ta silhouette devenue la bogue d’une châtaigne. Chaque serment accordé à la vie augmente la détresse silencieuse dans les mailles de nos cœurs épuisés. Chaque promesse d’amour béatifie le manque que nous avons ressenti. Derrière nous, les pinèdes ont laissé place à des incendies. Nos berceaux ne sont plus que des cendres éparpillées par le Mistral. 

L’amour ne sait pas adhérer au vide. Il s’est d’abord recroquevillé dans la position fœtale puis il a explosé comme le font les étoiles à la fin de leur vie. Le vide nous l’avons intériorisé avant de le recracher pour désengorger la lumière.

L’air que nous respirons a déjà servi et il resservira encore. 

Il ne reste plus rien de tangible. L’avenir se dématérialise, il s’extirpe des déchets du monde pour recomposer de nouvelles promesses. La conscience a déserté nos cerveaux troués d’abnégation belliqueuse. Le néant soudoie les valises que nous portions et il déleste toutes les charges de nos chagrins. Même nos os lissés d’amour n’ont plus la même signification.

L’avenir déporte l’heure de sa camisole de flanelle. Demain rêve à d’autres échéances et l’ardoise s’effacera. L’eau s’évacue cédant à la mémoire l’ombre durcie des mouvements qui la précède. Hier, reprend sa place au fond du précipice. Seul, l’instant crucial borde sur tous les autres. Un bruissement d’enclume s’échappe du temps. L’auge tremblante renverse ses gouttes de plomb et courbe le tracé du destin. 

L’aube est une patte blanche qui se soulève doucement. La lumière est à l’affût comme un chien de chasse. L’attente renouvelée fixe l’éternité sur le filigrane de l’horizon. Nos yeux se renversent sur la flaque molletonnée d’espoir. Nos cœurs sont des nids d’étoiles et le jour va bientôt reprendre sa route.

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©