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LA COLLINE AUX CIGALES
4 octobre 2013

Le temps nous a filtrés dans sa passoire rouillée.

peinture_nu_bleu_961743_nu_1f0a5_bigDepuis la première heure versée, depuis nos départs enchevêtrés et mon retour invincible, le crépuscule crépite comme une fontaine d’échos barbouillés. Et je vais chercher dans chaque nuit le tremblement qui s’échappe de ton silence. Je puise dans le vide l’éternité qui s’y est crevée. Je te ramène dans les filets de mon arc-en-ciel.

Dans l’effervescence des parfums qui se mélangent, ma voix rampe jusqu’à ta source. Un archer dans mon cœur jette sa petite pluie de bois pointu. Un regard aura tout volé. Une caresse redonnera tout. Derrière le cimetière des ombres, il ne reste plus rien de la peur sclérosante. Une agitation incontrôlable dévide la carcasse putréfiée de nos émotions. Tout doucement, nous renaissons dans la continuité de l’horizon. Nos âmes écharpées s’arrachent à la cicatrice. Nous avons épluché le souvenir jusqu’à sa dernière goutte. Il ne reste rien de nos suées anciennes.

Longtemps, nous avons dormi sur nos lèvres chétives et insonores. Trop longtemps. La mort nous a projetés au-delà des plaies intouchables dans cet abattoir d’absolu. Nous y sommes devenus les rouleaux incinérateurs de la pensée. Et nos masques ont fondu.

Nos empreintes anciennes se sont reconverties. Nos langues sont rouges. Nos yeux voilés, nos poumons émaciés. Le sel sort de l’eau et s’évapore dans une longue fumée blanche qui va rejoindre les nuages. Nos prénoms sont des voyages que le vent berce doucement et nous disparaissons derrière des lunes intemporelles. 

Nous avons conservé le collier de perles qui entoure nos voix. Fidèles malgré la dissociation, nos mains se serrent dans le noir. Nous incarnons la respiration épuisée et l’étouffement de la passion qui compresse les cœurs comme de vieilles ferrailles. Nous sommes des toiles peintes par l’éphémère de l’instant. Nous infiltrons les parfums d’ivresse tamponnés à la face de l’amour qui s’attarde. Nos visages sont l’empreinte des jours qui dévalent nos pensées. Le ciel, tout entier, est un immense ragoût mille fois posé sur le feu. Nous habitons désormais la farce ventée qui accommode les bouchées de la mémoire. Les multiples brûlures nous ont percés, fendus et perforés. Le temps nous a filtrés dans sa passoire rouillée. Une légère vapeur blanche a rejoint l’écume moussante. A présent, nos cœurs sont les ruines des mouvements anciens.  

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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Commentaires
A
Un beau texte qui me touche par sa connotation alchimique. Filtrer, passer, recommencer, c'est ainsi que je ressens l'alchimie spirituelle. Amitiés.
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