Décadences et régénérations s’interfèrent.
Je suis un solitaire. Je longe les murs de ma caverne. Chaque paroi reflète nos feux de camp sur le sable fin de notre enfance. J’entends le bruit de dehors. La cohorte de passants anonymes, le rythme rapide des pas sur les trottoirs alourdis de la lassitude. Mais, décidemment ce monde n’est pas vraiment le mien. Le jour qui bécote la lumière sur le bord de ma fenêtre laisse apercevoir des rimes d’ambre et de quartz.
De multiples événements ravivent mon esprit. Des sensations et des fulgurances tombent comme de la pluie. Misères du présent et richesse du possible sont toujours en concurrence dans mon rétroviseur. Décadences et régénérations s’interfèrent.
Et puis, il y a le quotidien hissé comme des rideaux de portes. Les mouvements éphémères se succèdent. Puis arrive enfin le geste apaisant du soir où tout se livre comme un cadeau, comme une offrande riche de quiétude.
A présent, je ne sais où tu es, ni ce que tu fais, mais partout le temps se ramifie en une seule boucle. Les heures mortes se reprisent avec le fil de la tendresse et j’essaie de tisser avec lui quelques fils retors. L’ombre est veuve du corps de la lumière. Les bourreaux de l’air scient nos cabanes d’enfant et nous trimbalons nos cris sur des quais désaffectés. Nos respirations sont des danses où les noces du feu et de l’eau décomposent nos rires, divisent les pas légers des jours anciens. Seul, je marche sur le compost de nos peines réunies et je cueille une dernière rose avant la nuit. J’existe, je suis vivant.
La disgrâce teinte et aussitôt l’amour rebondit. Nous vivons de mille pierres et c’est la pluie qui nous tarit. Il y a des respirations étincelantes. Il y a l’agonie des échecs et des ruptures. Il y a la prouesse du vertige et de la purge incantatoire. Des sirènes tiennent à bout de bras des flambeaux hantés de frissons millénaires.
- Bruno Odile -Tous droits réservés ©