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LA COLLINE AUX CIGALES
26 août 2013

Nos rêves se sont crevés.

Cinq heures du matin, je imagesCA3HZMIEveille sous la contrainte. Une fois encore la morsure et je n’ai toujours pas d’antidote. La fatigue ouvre la fenêtre et brûle les rideaux. Dehors est une grande cuvette où l’émotion qui glougloute se siphonne par le bas.

Abandonné à l’intérieur de ma chair, je suis l’étranger. Ma propre silhouette flétrie est une errance discursive. Le désespoir n’a aucune mesure avec la sensation de ne plus être soi.

Des cris désarmés s’agglutinent aux ondes devenues des fantoches dérisoires. J’ai le corps qui crie vengeance. L’espoir bat toujours plus vite que le cœur. Péripéties sans délivrance, l’amour est une épissure extorquée à l’architecture de l’univers. Il ne sera jamais sécuritaire. Son audace est bien trop chavirante.

Notre ralliement est dans l’osmose de l’absence. Nos solos floconneux secouent l’horizon. Nous jaillissons des miroirs où des bourrasques de clarté font démâter la gigue déglinguée de nos accords brouillons.

Le temps s'est arrêté, il mange à la table des vocalises muettes. Ce matin, la musique radote puis patine dans ma voix boutonneuse. Mes cordes vocales sont des stries de lumière incomplète. Nous sommes des journaliers. Des besogneux de l’espérance. Nous ne quitterons pas le vêtement soyeux de nos corps de paroles sans chanter le fracas du mirage qui nous illumine. Mes mains ont besoin de toucher le jour qui fugue. J’aimerais pourtant quitter ce bloc d’espérance confiné dans la guêpière des larmes. Toute une vie s’endort dans nos silences. La salive du temps sécrète en catimini l’histoire noyée au fond de nos cœurs.

Que devrions-nous encore vivre qui ne soit déjà étrillé par le temps écoulé ? Il n’existe pas d’amour sans une confrontation avec la blessure du premier jour. La fin du monde est pliée en quatre dans une nuit de cauchemars. Des lagunes invisibles retiennent dans leurs bras l’immense plainte du temps qui n’a de cesse d’évoquer la trahison de l’air. Notre libre-arbitre s’enfuit comme une bête apeurée par les marteaux de la nuit noire. Nos rêves se sont crevés. Nos pieds reposent sur le séisme d’un bing bang souverain. Il nous est impossible de nous défaire du chaos ambiant.

Nous avons parcouru tous les ponts d’amour qui permettent de survoler l’abîme. Et cependant, la moiteur des ténèbres crâne au-dessus de tous nos espoirs. 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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