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LA COLLINE AUX CIGALES
16 août 2013

L’impatience flotte dans la respiration.

712_769_homeNos charpentes embuées sont les reflets du cyprès qui couche ses hautes branches dans le ciel. Nous sommes des greniers gonflés d’espérance, nous sommes logés dans la plainte étirée du froissement des branches. Tu avais juste dix-sept ans et le désir était un glissement. Tu en avais dix de plus et c’est toi qui glissais. Comme d’habitude, tu étais la surprise. Comme tous les jours qui passent, tu t’es écoulée jusqu’au bout de la pente. Têtue et obstinée à rouler jusqu’au fin fond du noir. Sûre de toi comme le sont les mots lorsqu’ils s’enferment dans le tombeau des bouches cousues. Convaincue que la rengaine des heures n’avaient plus rien à te dire, plus rien à t’apprendre qui ne soit autre chose qu’une paix heureuse à partager.

Les boucles de tes cheveux noirs batifolaient au-dessus des pyramides. Le sable de nos déserts recouvrait déjà la solitude comme un voile de fumée où la détresse cachait ses secrets au fond de l’oubli. Car, rappelle-toi, nous nous sommes oubliés. Nous nous sommes empilés sur les miroirs et nous grattions les pigments de rouille avec les lames de nos cœurs. Quelle était belle la vie lorsque nous avions la sensation de nous accoupler par nos prières ! Tu vois, la joie est un pays qui ne s’habite pas. Une terre capricieuse pour les fleurs fragiles. Elle ne se touche que nue et avec délicatesse, elle ne s’apprivoise pas. Nous lui sommes néanmoins dévoués et c’est elle qui nous mène à la lumière de son sacrement. Nos sourires dorment à l’intérieur des forêts noires. Nous y tintons comme des cloches perdues au fond de nos destins ensorcelés à la tragédie du monde. Nous sommes pareils à ce village resté intact sous les eaux du lac artificiel où le beffroi se fait toujours entendre.

Je ne peux rien revendiquer à l’espoir qui me transcende ; t’attendre encore n’a de réalité que lorsque je persiste à te peindre aux couleurs de mon inspiration. L’amour avant de porter une vérité, transcende l’être, dévie son devenir et trouble la limpidité des sources. Le calme provisoire s’atrophie dans le dépôt des limons et la moindre secousse provoque à nouveau l’épaisse bourbe de son lit d’apitoiement. L’impatience flotte dans la respiration. Nous volons comme du plomb devenu mousse d’écume. Nous créons pour ne pas disparaître. Et je t’écris pour te rejoindre dans le flot aérien des commérages futiles et des ragots frivoles. L’écriture commémore l’événement inscrit dans nos fibres, elle ouvre le sémaphore sous la dictée de nos sens, elle boit à la lie qui nous traverse.  

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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