Un cœur dans le noir.
Les mots s’accordent comme un violon
Et la musique bredouille sous les cailloux de la source
Une cigale rêveuse entretient la cadence du vent
Des yeux d’enfant glissent dans la conscience du sang
Ce qui s’est passé s’éteint sur la lame présente
Un couteau déchire l’espace tenu entre les doigts
Demain fracasse déjà les pierres restées sur le chemin
L’ex-il, c’est maintenant tout de suite
Au présent, des pieds chevillés au couché de soleil
Et des ruisseaux lointains qui s’évaporent doucement
Trop de matière grise déployée sur l’instant
L’écoeure, le blasphème, l’étourdi
Je suis entre les mains du serpent qui siffle sous les ombres
Tu es venue, tu as souri, tu es partie
J’ai sur le coin des lèvres une silhouette muette
Un rêve de perlimpinpin, une écoutille ouverte
Sur ma nouvelle planète, l’amour manque comme l’air
L’écriture se déçoit, trop légère, trop futile
Elle est parfois la pointe d’un clou, taillades de la chair
Elle est souvent l’écho du tapage intrinsèque
J’ai perdu la vérité avec les mirages jaillissants
Je ne fais plus de différence entre la pureté d’un sentiment
Et l’émotion qui s’en déverse à flots tendus
On a beau s’asseoir sur la pierre du juste
Le monde tremble et vacille
Je voudrais être une plume
Là où le tremblement fissure l’âme de la certitude
Une rose mourante appelle la lumière
Un dernier éblouissement avant la flétrissure définitive
La rosée reste, la beauté s’en va
Ou bien, le contraire
Une larme de toi brille toujours
Sur la mélodie des jours qui passent
Un fil invisible coud les hologrammes
Dans un sac de peaux mortes
Quand l’amour extrême trépasse
L’odeur du pain posé sur la table
Laisse fleurir le goût de la farine
Dans nos mémoires de moulins à vent.
Un baiser s’est endormi sur ton ombre
J’attends la bouture avec la clarté.
- Bruno Odile - Tous droits réservés ©