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LA COLLINE AUX CIGALES
24 mai 2013

Rue du paradis.

Beauty_In_The_Sunlight_2007_Serge_Marshennikov

Je ne possède pas l’amour, il m’imprègne de sa boussole et me conduit aux quatre coins de son monde. J’en suis tributaire avant même d’en être victime. Victime d’amour ? Est-ce donc cela ? Peut-on vraiment parler de l’amour en ces termes ? 

Victime heureuse, piteuse, larmoyante et rayonnante. Je suis abasourdi, englué, intoxiqué. L’amour rejoint la croyance dés lors qu’il nous enjambe et nous dépasse. Aimer n’est pas dire : « je te veux ». Aimer, c’est céder aux violences des coups de coudes, des coups de gueule qui nous transportent indépendamment de notre volonté. Immaîtrisable, le sentiment s’inocule dans mes pensées. Je suis asservi. Soumis à ses injonctions, mon besoin flotte entre mon ego et mon plaisir. Aimer devient alors l’acceptation contraignante d’une solitude nauséabonde. Il s’agit à présent de concéder à l’autre toute son entité béante et de lui dire : j’ai besoin de toi autant que de moi-même pour accomplir le chemin. 

Mais, nous sommes du partage, nous sommes de l’échange et de l’accompagnement. Et si je me fonds néanmoins en toi, c’est sans doute parce que je ne me suffis pas. Mon autonomie repose sur ce que tu me concèdes. Nous sommes responsables mutuellement de nos incapacités à être la disproportion de nous-mêmes. Tu n’es pas moi, malgré la fusion, malgré l’audace, malgré la reconnaissance et la blessure commune. Et je pleure et je crie de n’être que cela : des larcins d’émotions, des jets d’abandon, des feux allumés à la hâte et trop vite étouffés par le tumulte du monde. 

Toute entière, mes pensées reposent sur l’égouttoir de ton absence. J’entends souvent le murmure de l’air qui filtre entre tes lèvres. Tu habites rue du paradis et ta présence ressentie s’accorde aux buées d’un autre paysage. 

Un ange est venu et il m’a dit : « On ne s’éloigne pas des mystères rencontrés en chemin, ni de ceux qui demeurent insondables dans l’obscurité des profondeurs. La clarté fait croître l’inconnu et tu rampes à l’intérieur de ta propre chair. L’amour englobe l’écriture, toutes les écritures. Sans t’en rendre compte, tu écris si petit que c’est complètement illisible. » 

  

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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