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LA COLLINE AUX CIGALES
24 mai 2013

Nous basculons.

Bather_1911_Zinaida_SerebriakovaMon désir est un geste d’adieu. Il souffre de ses carences, il soumet le réel aux trépidations de son voyage. Je meurs d’être dépossédé de toi à ce point. L’attirance m’emporte dans son exubérance, elle gifle mes incapacités et détrône un possible deuil avant même qu’il s’habille de noir. C’est pour cela que j’avance.

Ah ! Si savoir était clairvoyance, hésiter serait croire. Je savais qu’il me fallait partir à ta rencontre, mais je ne sais toujours pas pourquoi. Peut-être, cette échographie du cœur, hier, dans laquelle j’ai entendu ta voix. 

Il faut recommencer. Faire, dire, être, rire, dormir, jouir, vivre. Il faut ouvrir la page du monde, l’heure attendue, la porte encore fermée et l’histoire qui n’a pas encore exultée. 

Les cataractes du compromis s’étiolent avec l’artifice des vertus inconsidérées. Mon regard se pose sur le miel à butiner, mes lèvres gercent sur la peau gonflée des ulcères de la mauvaise heure, j’ai les mains posées sur l’orgie des vides où se brise le temps.

Une foule de résine mutilée se décalamine. La peur et l’ennui chassent l’eau de nos gorges à jamais désaltérées. Sans ton regard posé sur le mien, le monde des hommes ne peut connaître l’apaisement. 

Nous sommes unis de nos faits, de nos exploits et de nos pâles démons. Nous ne sommes jamais vraiment seul dans la chute. Nous brassons cette complicité humaine où en fermant les yeux, nous endurons l’outrage et la flétrissure de nos existences. Pauvres de toutes nos richesses, nous concédons à la servilité toute l’usure de la soumission. Chuter, c’est chavirer de ce tango aux pas étranges de l’abandon. Nous basculons, nous vacillons. Nos pieds et nos élans s’ajustent au rythme de l’unité. La marche devient contrainte, devient armistice, elle mue en une alliance sourde et bascule dans la capitulation. Ici, même l’illusion renonce à ses fourberies et le réel succombe.

Dans ton regard j’étais prisonnier de moi-même. Sans, je suis dépourvu, démuni et porté disparu. Une déliquescence sèche. Tout se transforme en une pâte transparente. Nous visitons, inconscients, ce que nous engendrons de nos fondements. La source est rugueuse, mais l’eau est têtue. Elle filtre nos terres et infiltre nos exigences.

  

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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