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LA COLLINE AUX CIGALES
20 avril 2013

Sur une barge qui descend le fleuve.

47580b70Les jours s’en vont, je reste. Novembre est filandreux. Lèvres sonores du bout du temps. Nous fêterons bientôt l’anniversaire du trou blanc. 

A l’abandon des mémoires, la nuque fraîche de l’heure. Embrassée sauvage du verbe assujetti. Un corset de mots dans le labyrinthe des ombres. 

Nos mains sous le sable, un désert de sel sous la langue. Nos cœurs dans la broussaille du vide. 

Caprice de la pluie se rechargeant dans le ciel. L’amour sans fin touche à l’insomnie qui tremble. 

Acrobate sur un bord nu, un fantôme plisse les nuages. Un sourire jaillit de derrière l’éclair. 

Le temps fait des gestes immobiles. Printemps implanté au dos de la terre. On traverse le silence. 

L’heure est un bûcher. Le Mistral tronçonne les fils du ciel. A tire d’ailes, une mouette défie la légèreté.

Il y a un autre monde dans le ventre de la nature. J’en suis convaincu. Il n’a pas de nom, pas de foulard ni de signes extérieurs de richesse. Et cependant, il rayonne comme un trésor de beauté, d’allégresse et de légèreté. Il s’agit sans aucun doute de l’appréciation à laquelle peut prétendre une existence entière et repue. Quelle qu’elle soit, moche, tordue ou excellente. Dénivelée de bas en haut et de long en large. Je veux parler de cette aube qui naît dans le ravin, du jour qui s’accroche aux arbres et redore leurs manteaux de vert.  

Je dis la brèche blanche qui se déverse spontanément, sans commentaire. Le fleuve d’or est grand et vaste. L’instant dans la fumée est tout entier dans son actualité. Les notes du silence retiennent une gorgée de promesse, des mots perdus au paradis des poètes, le stylo oublié de l’écrivain, le foin sur une barge qui descend le fleuve, la marmite qui glougloute sur le feu et puis l’ardent désir d’un parfum qui recherche son étui, une lagune couverte de fruits et de tropiques, le cri d’un arbre au petit matin.   

Le nid est vide

Vent frotté sur l’herbe sèche

L’horizon est parti

À la chasse à la mémoire.

 

Parfois,

Les arbres oublient leurs racines

Et se frottent les cheveux au-dessus des nuages.

 

La jungle n’est plus la jungle

C’est pour cela qu’on l’appelle la jungle.

 

Ne prenez pas le deuil, accueillez-le.

Ne rien accorder à la vie qui ne soit déjà vivant.

 

Tout ce qui se ressemble cherche un autre décor.

L’automne parle la langue froissée d’un été retroussé dans la pesanteur des saisons.

 

Il existe des minutes contemplatives qui fixent la joie d’exister sans que rien ne puisse contrevenir à une forme d’exaltation sereine. Un bungalow d’herbes souveraines s’accapare la forêt.

 

La lecture du beau ne peut se décider. Pas plus qu’un rêve.

J’aime penser que la musique existe dans un simple verre de vin.

 

Une spirale avale les mousses devenues dures.

Ma prochaine course est une balade où s’épure le hasard.

 

Les rives jadis éloignées maintenant se touchent.

Mon ventre catapulte des rires comme des boulets de pissenlit

Jamais plus derrière, en avant toute !

 

L’ignorance certaine s’ajoute à l’inconnu

Les merveilles s’ajourent de l’étonnement. 

Une vie vidée de son contenu est une vie immédiate.

 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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