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LA COLLINE AUX CIGALES
12 avril 2013

Joë Bousquet

À chaque instant il me semble que le ton de mes écrits va changer. C'est en se transformant que mon style s'applique à manifester des choses vraies et profondes.
Il est peut-être vrai que le style c'est l'homme, mais dans la mesure où l'homme n'est rien. Mettons un peu de clarté autour de cette phrase : il ne faut pas considérer l'écrit comme une traduction littéraire des choses qui, en elles-mêmes, sont. On ne représente pas les choses en les décrivant, on les achève; on leur fait prendre forme, car le monde est à créer, c'est sûr, il veut se faire une idée.
Il en résulte que pour un temps donné il n'est pour chaque chose, pour chaque ordre de sentiments qu'une seule expression possible. Tout se passe comme si l'homme devait envisager les choses nées avec lui sous l'angle de ce qui ne passe pas. On n'écrit que pour effacer son ombre de ce qu'on écrit.
Ainsi, s'employant sans cesse à dégager du réel, le style d'un écrivain doit, à chaque instant, se renouveler. Il ne doit être limité par aucune règle. Aucune idée préconçue du genre ne doit, même de loin, le guider.
Le coeur bat plus largement dans ce qu'on écrit que dans ce qu'on pense...
L'activité poétique devrait conduire à la découverte d'un rythme autre que le temps.

- Traduit du silence, Gallimard/L'imaginaire, 2010, p 74

 

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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