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LA COLLINE AUX CIGALES
16 mars 2013

Les grumeaux d’air sont des bateaux.

image21A califourchon sur le visage du cœur. Chaque jardin est une boucle. Chaque banc raconte une histoire. Ta bouche comme du sucre, tes yeux, des secrets, et le vent qui caresse le seuil des nuages où tu t’es cachée.  

De ce que j’étais à l’instant précédent, il s’ensuit l’eau qui court dans la mangeoire du temps. Ton visage comme une rive. Et cette rive flottante aux abords du jour qui se lève.

Tout mon passé s’ennuie à tes côtés. La grande voile des brumes épaisses enveloppe le manque. Un grand nœud serre nos cœurs au-dessus des mémoires. L’égouttoir laisse tomber des parcelles d’images. Je marche sur des tableaux, de la peinture incrustée sous mes pieds. Plus haut, des étoiles tricotent des nids d’amour. 

A jeun, l’esprit détaché, les mains ouvertes, le souffle qui me traverse détient une clé du silence. Ta voix est devenue une odeur de caramel. Tu colles à mes doigts, ma langue touche le grain des paroles qui dorment dans ma bouche. Demain, c’est toujours. Demain explose les conjugaisons de l’immédiat. Nos deux mains sont posées sur le levier des aubes qui ne se couchent pas. Nos paroles sont le sang de nos envolées et nous naviguons dans la dernière bouffée. Les grumeaux d’air sont des bateaux. Nous sommes à califourchon sur le visage du cœur, l’émotion emmitouflée dans un cocon de soie. 

Le corps suit la pensée. Nous sommes immunisés des ombres. L’air est si profond que nous n’atteignons jamais la nappe souterraine où il prend sa respiration. Nous nous transformons. Je suis l’oiseau dans ton regard et tu es la mer qui recouvre le navire naufragé. Dans la cale, nos perceptions s’illuminent. L’écume est blanchie pour la vague ascendante.   

Chaque jardin est une boucle. Chaque banc raconte une histoire. Les mots sont déserts. L’encrier prend sa source dans le blanc qui n’offense pas l’existence. Exilés du silence, nous pagayons du cœur aux mots. Le fleuve est long et biscornu, mais nous sommes comblés. Le manque se fond à l’amour ensorceleur. Le vide accompagne les malles des rêves que nous trimballons. Une farandole de bulles d’air s’échappe de mon corps. Quelque chose virevolte dans le tourbillon du souvenir qui m’emporte jusqu’à toi. Un épanchement liquide s’étire comme une vague mourante sur le sable. Solitaires de nous-mêmes, nous convoyons la joie libératrice comme deux anges brûlés.

  

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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