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LA COLLINE AUX CIGALES
26 janvier 2013

Je suis, aussi, ce que je ne choisis pas.

270617_956275581_chiara_5060_pt_H213107_LAvec le temps, va. Inutile de fossoyer dans le brouillard ou de chercher à ensevelir avec perte et fracas la douleur de l’absence. On n’oublie pas, et ça dure. On ne change guère et ça pèse. On tripote longtemps l’idée d’un sourire perdu, d’une présence manquante. Il faut du temps, beaucoup de temps pour épouser à nouveau le cœur de celui qui est parti. On ne l’a jamais vraiment quitté et cependant, on l’a longtemps tenu à l’écart en pensant se recoudre et se guérir de cette plaie infestée de souvenir. Aujourd’hui encore, par moment, on vacille dans la cicatrice que l’on rouvre au coin d’une larme. Puis, on se reprend, on hausse le cœur et nos épaules suivent. L’émotion n’est pas morte.

Avec le temps, va l’amour qui n’a plus d’heure et qui cependant s’entortille à nos poitrines resserrées, presque étouffés par le rappel d’échos aux sonorités familières. Nous gémissons sur nous-mêmes avant de comprendre que l’on n’est jamais vraiment seul de l’émotion que nous avons connue.    

Pour sûr, le temps perdu ne se rattrape pas. L’amour disparu ne résiste pas à l’absence. Seule la flamme qui lèche encore nos étoiles peut nous aider à reconquérir un espace que l’on croyait devenu une terre déserte et anéantie.

Je suis aussi ce que je ne choisis pas. Vivre avec les autres est encore la meilleure manière de passer inaperçu à soi-même. Issue de l’abandon, la flaque reflète le ciel. Nous ne sommes jamais là où nous pensons être. Je suis ce qui me désigne. Tantôt une épave nue grondant à chaque effleurement, tantôt farine du temps où la faim demeure. J’ai trop fouillé les entrailles de la disparition. Voilà, ta bouche, tes yeux et ton cœur où siège le monde inventé, le monde éventé. N’apparaît bien que ce qui est révolu. L’instant se fout de sa dérisoire teneur, il nous catapulte devant, sur d’innombrables chemins d’ennui et de lutte. Demain commence toujours par une aube à construire et nous marchons du seul pas que nous connaissons. Répétant sans cesse l’avancée comme une rengaine, la mort est toujours l’extrême sensation finale, l’excessive perception qui dépasse la vie d’une tête.   

Peau découpée dans l'aube des fenêtres, l’écriture devance le monde et dans les fêlures en brûlis, le réel n’est plus que langue morte. L’éveil froisse l’horizon, la chandelle ne tient plus la flamme, le désordre ensevelit la raison la plus rangée. Nos cœurs ont connu l’apothéose et l’excès de noir s’est dissout comme du charbon dans un poêle. Nos visages s’enfoncent doucement dans la matrice originelle où je te rejoins. L’écart est après la peau. Ce n’est que dans la dépossession des choses matérielles que nos routes soulèvent nos âmes jusqu’au discernement total. Te revoir, c’est mourir à nouveau de mille et une contemplations chimériques. Mon cœur ouvre ses bras, il te prend et t’enserre comme une corde étrangle sa proie. Tu n’es plus toi, tu es ce qu’il me convient que tu sois. Le réel est une détresse prétentieuse. Alors, je te fais rêve pour mieux consentir à la vérité. Pour t’aimer, j’abandonne toutes actions. L’acte est trop lourd et le mouvement ne distingue pas le soleil réconcilié avec la poussière. Je préfère encore ce lâcher d’ombres où je te réinvente et où mon cœur s’affirme.

 

 

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