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LA COLLINE AUX CIGALES
10 janvier 2013

Nous ne sommes que regard.

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Des instants perdus subsistent dans le temps analogue où se creusent les histoires et les contes. Toutes les histoires et tous les comptes.

Il y a sous mes doigts des étincelles écartées, de la poussière nue enroulée dans une ombre plus opaque et plus grise encore que les cheveux de l’éternité. Ce n’est pas mon chemin qui découpe l’horizon, mais sa distance. Mon sentier s’enfonce dans le brouillard du souvenir où l’écart prend forme à la lisière du jour et de la nuit. Je te touche d’un souffle et la nostalgie dévore des paysages mille fois visités. 

Toute écriture est une couronne de leurres dans une maison sans toit. Les mots s’affairent à donner un sens à la narration que chacun interprète à sa seule façon. Souvent, il n’y a pas plus de compréhension et de discernement dans l’expression d’une émotion transcendantale que dans celle d’une révolte soudaine. 

Je te comprends de ce que tu es avant même de sentir les mots que tu m’offres. L’onde émettrice dépasse l’unique langage des signes. Seul le cri de ton silence touche au mien. Et si je persiste à t’écrire, c’est moins dans le but de ton hypothétique appréciation que pour éjecter de moi toute la crasse déposée depuis ton départ. Chaque senti que je cherche à te faire partager révèle une bouffée brûlante du vide purulent que ma chair refoule. Seul, l’amour habite dans la fêlure de la voix. Le son y navigue entre le fantasme et la réalité compromettante. Je viens à toi pour broyer nos prières douces à l’intérieur des temples vides.

Les mots de la raison s’oxygènent de la parole des sens. L’esprit s’ouvre à la réflexion, à la reconnaissance des actes qui brisent les retenues morales. Tu piétines le plus fragile de moi-même et je me laisse envahir de ton ombre où je goûte, tremblant, aux lames tièdes du soleil naissant. Nous ne sommes que regard. Par le trou de ta mort, une rivière court sous mes paupières et j’y entends la fin du monde ou le début. Je ne sais pas. Je ne sais plus.

Le jour s’est réveillé. Je l’ai suivi. Je ne sais pas où il va. Mais je le suis tout de même. La lumière neuve porte le vert de la campagne. Peut-être y trouverai-je le chemin qui mène à ton feuillage. Le jour s’est levé et moi avec lui. Je voudrais faire durer le rêve. J’ai faim. 

Et puis, un instant de pure solitude. Sans commune mesure avec cet état nostalgique qui creuse toujours le même sillon. Un instant où ton absence est devenue plus forte, plus dense et plus marquée que toute une présence. Une seconde de grâce délicate, une parenté bâtie sur les grimoires du sang. Une imminence où se touchent toutes les respirations du monde des vivants et où ton visage devient un soleil, tes mains des grappes d’étoiles, ton cœur une lumière plus douce encore que le sourire de la Joconde. Ta vie, depuis longtemps, est accolée au cadran des illusions sur lequel l’aiguille des tourments ponctue la pâle lueur des heures à venir.

 

 

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