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LA COLLINE AUX CIGALES
7 janvier 2013

Un phare dans la brume.

La_Sieste_du_modele_Theo_Van_Rysselberghe_1920L’amour a besoin de tout. L’amour a besoin de rien. Je me promène dans la mélasse d’un vieux miel comme le monde. Je fais la charité à mon cœur. Je respire l’air délivré de sa récolte, et je dépose mon baiser sur les lèvres de l’eau qui reste à boire. Je secoue les branches de l’instant vacant. Nul fruit de tes cendres sur le sol. Tout cesse d’être lié à l’effort ou au consenti. Je te tiens de la mémoire que je réveille. A mi-mots. Je suis voué à l’exaltation et à l’écoeurement. Je suis le germe arraché à la cornée des heures imbues. Je suis la particule rejetée du désastre. La vie s’impose involontairement dans mes rêves les plus troubles. Chaque fantasme dissimulé est un extrait d’espoir véritable.

Sans doute, est-ce la manifestation d’une existence transformée par un réel perturbant. Et, je me fonds à l’amour qui nous renvoie inéluctablement aux joies les plus fertiles et les plus fécondes. Je me disloque et disparais sous le désarroi imperturbable des afflictions renfrognées. Ainsi, je m’évade du carénage suffocant des douleurs chagrines habitant la permanence à être.

Faut-il aimer pour prendre conscience ? Miroirs saturés de murmures et d’échos familiers, le foyer à deux est rompu, les anses nues appellent mes mains. A la frontière entre l’amour qui vacille et les cendres anciennes, la maison est vide. Elle s’offre aux promesses désarticulées qui s’égarent sur les cils de la brisure originelle.

Aimer et se sentir emporté tel un bout de bois, un bout de soi, sur lequel on a planté une voile, un mouchoir, une traînée de coeur. Nature à la dérive parcourant les océans prégnants de l’intimité, de la fleur de soi, dans le déliage de nos héritages, dans la tourbe ferreuse de nos fondements, dans nos conversations silencieuses : aimer encore.

Trempe ton cœur dans le mien que la souffrance douce puisse fuir la parole. Ton souffle emmêlé à ma voix au bout de l’amour, c’est toujours l’amour. 

Tu ne vieillis plus et mes pensées de chair sont soumises à la langue du destin. Je me renouvelle comme la chenille et le papillon.

Aimer jusqu’au destin des langues dans la transmission des pensées de chair, dans l’amour de soi et du monde.

Et puis, anesthésiée, éthérisée, alors que nous sommes un perpétuel mouvement, ton visage s’accroche aux pensées immobiles. Mon cœur porte en lui les stries de ses renoncements et les sillons baveux de ses abandons.

Je t’ai vue passer dans mon rêve cimenté par la nuit profonde où se terre la déchirure. Un four d’écumes blanches recousait lentement nos laines et nos franges. Tu étais là, assise sur la pierre obscure, à l’implicite des trêves, dans l’abandon impertinent du courage et de la bonne foi qui préfère la fuite.

Notre amour frétillait lentement sur le quai bordant mon âme chloroformée. Un phare dans la brume se mêlait aux nuées obscures et nous forgions des alliages précieux dans la mélasse des sentiments accablés.

 

 

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Commentaires
L
Un écrit lumineux d'une grande beauté qui entrebâille un passage malgré la brume..
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