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LA COLLINE AUX CIGALES
8 décembre 2012

Une toile pour les étoiles.

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Non, l’hiver n’est pas mort dans la gouttière de givre

Il est encore temps pour effeuiller la neige

Et pour jeter des graines aux oiseaux affamés

A l’instant, tes lèvres m’enserrent, je suis une feuille,

Je suis la pointe du crayon que tu mâchonnes

A l’instant, ta bouche se fond au rose de la nuit

J’écris l’aube sur les courbes du soir

Je me glisse entre tes dents blanches

Et je ripe l’oreiller de plumes au fond de ta gorge

Je suis le fantôme de mes nuits silencieuses

Je suis une larme imaginaire et je me déverse

Sur ton ventre que je confonds avec la mer.

Il faudrait pouvoir donner la parole au pain ranci dans tes poches et à tes lèvres gercées par la froidure du monde. Il faudrait délivrer la musique des violoncelles pour qu’elle défonce l’argot du monde et ensuite le traduire en un hymne de délivrance. Le fleur de peau ne pousse pas dans les usines à calibrage. Il ne suffit pas de conjurer le sort pour voir naître les fleurs qui poussent dans le ciel.

Je te laisse la harpe et je prends la mer et les vagues. Tu ressasses le bruit des cordes, je flotte sur le courant.

Reste encore les signes d’une géométrie imparfaite, des chiffres sans date et des niches d’étoiles souffrantes. Un lit de pierre annonce la décrue. Tout en moi est chaotique, l’heure tremble comme si elle était la dernière. Je recommence la route une millième fois sur l’orbite du temps perdu.

Me voici à nouveau, imbécile, ignorant, devant la chose inconnue, le frisson hébété et l’émotion désarticulée. Vais-je enfin retenir mon souffle pour étouffer la mémoire ? Toujours ce fil de l’esprit que l’on ne voit pas et la tentative entêtée de ne rien rompre. Un départ, une absence ferle et déferle sur le ravin qui précède le désert. Le sable ricane à l’inondation par le soleil. Pourtant, c’est avec le feu que la parole se détend. L’écriture pétrit toujours la même glaise, humus et terreau mélangés au soufre des tristesses enracinées aux ombres. Rien ne peut plus se dérober au silence lorsque la pierre gît sous l’arbre pétrifié. Des soupirs s’enchevêtrent sans repousser d’une once la myriade d’étoiles mortes dans la cendre. Ma langue voûte sous le poids des fantômes qui menacent le jour qui se lève.  

Ta chair est une toile pour les étoiles, et ta mort un refuge pour les marathoniens de l’espoir. La paix que j’endure au fond de mon être est dérisoire les soirs de pleine lune, elle est extravagante les jours d’inondation. Ma récolte est une vrille enfoncée dans la terre, mon panier est une couche où pourrissent les fruits mûrs. Mes concerts je les emporte comme une crème apaisante sur les tonneaux de mes ivresses. Je n’ai plus la soif des terres arides. Je cède à l’amour parce qu’il ne transige pas avec le langage. C’est le seul à jouer des instruments où le vent s’engouffre. Je suis candide comme la rosée qui n’a pas connu l’évaporation. Je marche sur la lune, la tête envolée sur des partitions défiant les notes que les hommes fredonnent. Je suis blotti dans le murmure des corps qui s’étreignent sans restriction.

Je n’ai pas de lit où poser mes rêves, je suis un exilé des pensées tièdes. Mon ordonnance ne peut s’écrire avec des mots.

 

 

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Commentaires
L
Comme c'est beau .
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