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LA COLLINE AUX CIGALES
30 novembre 2012

L’amour est debout sur des échasses.

5_20le_20nuA mi-voix, dans l’ascenseur des mémoires, le reflet d’une époque révolue joue des crécelles. Les tuyaux qui sortent de nos bouches sont des aspirateurs. J’avale ce que je vois. J’installe une perche sur ma tête où je fixe sur l’embout un stéthoscope pour appréhender l’horizon et un télescope pour imaginer la mer jusqu’au bout du regard. Les oiseaux sont partis et la terre est plate. Ce n’est pas grave, de toute façon, plus loin n’a pas d’importance.

Sur mes genoux traîne un vieux fouloir, celui-là même que nous utilisions pour hisser un drapeau au-dessus de nos cabanes. Mes rêves ne retournent plus incessamment la tête. Tout mon passé est désormais dans la main du jour qui se lève. Quelques mouettes libèrent leurs déjections sur leur passage, plus rien n’est comme avant. La terre a de nouveaux parfums de cire et de feuilles. La vie triomphe du miroir dans lequel elle s’était enfermée. L’éternité ne pèse plus le poids du sable qui s’écoule sur la rive.

A l’intérieur de mon alphabet chaque lettre qui s’était trompée de sens retourne à sa place. A présent, elles forgent une chaîne concise qui ne redoute plus la rouille de l’isolement. Les mots se rangent puis s’arrangent entre eux. La parole retrouve une certaine fluidité. Je peux te dire je t’aime sans que ma voix ne soit brisée. Sur ma peau défilent les anneaux du sacrement. Nos doigts sont trop menus pour être sertis. Mais nos corps entiers glissent dans ces cerclent d’absolu. Nous touchons à l’insensé qui nous a bourlingué des années durant. Nos bras et nos mains se sont métamorphosés, quatre lianes souples s’entourbillonnent comme des papiers à bonbons. Notre marche forcée se délivre des rides saillantes où l’espoir était condamné.

Le fossé n’appelle plus le souffle de nos respirations. Un vent brûlant passe sur notre maison. Le marronnier nous offre ses fruits enrubannés dans les feuilles que j’ai rempli de mots. Nous allons enfin pouvoir goûter à la paix rayonnante qui jouxte la vie et la mort. L’amour est debout sur des échasses, il chante par-dessus la fumée. Tes yeux ressemblent à deux pierres luisantes blotties dans ma poitrine. Je pleure et je ris comme l’enfant qui retrouve le sein de sa maman, et maintenant je bois à l’ivresse des retrouvailles. Je revis dans le silence qui borde la haie. Bien plus que des mots, l’amour dépose une fine pellicule de nacre sur le bout de ma langue. A cet instant, je vis avec la volonté de ne plus en avoir. Mon âme est transparente, elle s’est dépouillée des liens qui la maintenaient dans le ruisseau de l’obscurité. J’accoste à la gaîté des hommes sans résolution.  

A présent, tu peux m’offrir du vin, ma gorge est un tonneau que la rivière traverse. La vie et le rêve sont la conscience du monde. Aimer ne suffit pas à surmonter la peine, mais la légèreté du papillon est complice à son envol.

 

 

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Commentaires
J
je vais faire mienne ta phrase<br /> <br /> "j'accoste à la gaîté des hommes sans résolution"
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