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LA COLLINE AUX CIGALES
22 octobre 2012

Des soupirs et des rêves cassés.

b6d45708En bas, l’écume recouvre la surface agitée, et, dans la proéminence des regrets, une île a poussé, un lot de terre est resté vivant. Un espace mémorisé reflue et nous sommes hors d’eau, hors du courant qui tire vers la dissolution des terres. L’horizon est tout empilé sur une ligne d’eau, une ligne de démarcation. Des voix remontent avec les vagues. Des paroles et des histoires claquent contre le mur qui nous sépare. L’air marin gonfle notre voile. L’air remplit nos poumons. Nos voix expirent des notes posées sur la partition d’arpège douce, des orchestrations désorganisées, des volées de concerts pour le spectacle des sens.

Petite île perdue, sans carte, sans véritable existence. Une giclée de terre soulevée pour la circonstance. L’évasion, le retrait, l’ilottement provisoire aux confluences des mots et des dires. Tout l’horizon décalamine les tuyaux engorgés par les sens. De plus loin, dans la distance et le recul.

Une ligne critique s’inscrit et s’efface sur cette frisure bleutée. J’entends le bruit de la nature mouillée, retenue, larguée aux rebuts. Un bruit rugissant, un bruit de casseroles. Cernées d’eau, mes pensées s’ajoutent à la masse, s’intègrent au volume, font corps avec l’esprit qui m’échappe. Et, je me laisse porter. Dans la flottaison, des soupirs et des rêves cassés.

Si écrire ne veut rien dire, c’est qu’il ne peut rien exprimer de la virginité de nos ressentis. Il ne s’agit pas d’un bâillonnement, ni d’une quelconque rétention. Mais d’une impuissance, d’un sans voix, d’un porte-parole dépossédé, d’une incompétence à déchiffrer les algues, les clapotis turbulents des ressacs. 

Ecrire demeure le témoignage de notre faiblesse à exprimer avec justesse les douceurs bouleversantes qui nous rendent sourds et aveugles. Ecrire, c’est bramer au centre de la forêt des mots où s’engloutissent les phrases dans l’amas de la profondeur des feuilles, dans le couffin des chairs du monde. Un lâcher de partitions avec la main, avec les doigts, c’est à dire l’immensité réduite dans l’encre où se construit le mot. Et, tu vois, j’écris sur un manuscrit jeté à la mer parce qu’elle est le bassin de tous les maux et de toutes les contestations. Regarde, quelques-uns d’entre-eux sont revenus jusqu’au sable, mélangeant le sel au grain dur et brillant. Le désir s’y est blottit. Un soleil court après l’ombre. Mes yeux sont fermés. Sous mes paupières, des tempêtes lavent les bouches où des pépites d’argile crissent sous la dent. L’heure est bleu-lumineux. L’heure est posée sur l’avènement. Le courant des vagues reste calme. Il parle librement de la certitude de l’eau qui repousse l’air, pour n’en conserver qu’une infime bouffée. Et, tu vois, c’est dans cette étendue sablonneuse que s’immisce le borborygme de l’ordre du monde. La roche la plus dure y perd son latin.

 

 

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Commentaires
L
Et la multitude emporte le singulier.
L
Une beauté développée, parmi tant d'autres...
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