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LA COLLINE AUX CIGALES
4 septembre 2012

Aimer à l’intérieur de son propre dilemme. (10)

dmkjovua

Au saut du calambour, à la belote de l’interprétation, j’ai entaillé l’éloquence de la vérité pour voir ce qu’elle transportait d’incertitudes, de regrets et de balivernes. Une souffrance dormait dans la contracture du temps. Des attentes muettes comme des chardons polluent les cœurs au repos. Oui, j’ai tailladé cette voix sourde qui résonne jusqu’aux abîmes et j’y ai reconnu la peur étranglée du va-et-vient, de l’errement qui précède la construction du possible. Il y a longtemps que je cherche les limites de mon affection. Cette erratique sensation aérienne. Nonobstant, dans ce milieu de nulle part, ce n’est pas toi que j’accueille, mais ta différence. Ce n’est pas toi qui m’aborde, mais les exigences d’une ressemblance imparfaite.

Quelque chose d’inaltérable est posé là sur la pierre du pardon. Il suffirait d’offrir à la faribole étourdie de nos factions insipides et moribondes, la forme accidentée de nos regards, pour qu’une vapeur de lumière prenne corps. L’inaccompli se presse d’une tendresse familière, d’une amitié faramineuse née d’un désir incontrôlable toujours debout, d’une vie accoutrée de sa ressemblance discrète. Tant le dessein d’aimer ressemble à cet enfant blotti dans le divorce des élans, éparpillé entre le perdu et le retrouvé. L’inoubliable est sédentaire comme une mer morte regorgeant de sel. La mémoire est un adieu où se reconnaît la voix perdue.

Regarde mon cœur habiter l’aléatoire et poursuivre, malgré tout, l’onde de ses chocs. Tes doigts sont des ateliers d’attentes où se berce le toucher des langues. Tes mains sont des attelles pour la crinière d’espoir qui chevauche l’audace. Tes yeux sont ces deux trous sans plus de couleur où se noie le jaune du blé que la saison roturière porte comme un enfant à naître.

Mon cœur : ma dette, mon taillis ronceux, ma grande banaste d’osier dans laquelle mon cœur sommeille comme au premier jour. Tu es ce grand arbre de fer où les oiseaux ne se posent plus mais où perdurent le chant des cigales malgré la nuit et l’automne. Le silence n’est plus une menace. Ta présence suffit à l’ombre qui m’accompagne.

Je me suis exercé à la mutation contemplative. J’ai entretenu les biceps des étoiles pour qu’elles persistent à rédiger des traîneaux imaginaires dans la chapelle perdue du noir.

Longtemps, je me suis abrité aux radicelles des rêves qui échafaudent des lustres en plein cœur des déserts de lumière. J’ai dégoupillé le jour aux muscles de l’espoir. J’ai sollicité le sacre des instants qui brûlent l’horizon et laissent les falaises calcinées.

C’est pourtant une pluie sans eau qui abreuve les sillages de mon cœur perdu. C’est l’exaltation dans son esbroufe stérile qui encadre le réel obstiné à la démesure. Un noir ruisseau vagabond déborde dans la source du sel.

J’avance dans le jour comme on touche un corps sans charpente. Je remonte de la terre comme une vapeur harassée par la grêle ancienne dans une étuve de bleu.

Je n’en finis pas de recompter les pierres. Châteaux démantelés à perte de vue. L’horizon est une ligne courbe où le vertige s’abandonne. L’immensité me recroqueville dans l’absolu nécessité du regard qui me porte au-delà.

Mes yeux flottent par la fenêtre comme un ruban. Ma vie macère dans l’air qui la trouble.

Mon cœur s’inscrit au chapitre infini des lendemains où s’inscrivent les abandons forcés, les limogeages de la contrainte. Dans ce fourbi d’ombres et de lumières, l’air n’appartient plus à rien, ni à personne. Il n’y a pas de mesure pour déterminer la vacance qui suit la perte.

Ton nom aurait pu être une stèle.

Tes mains, gardiennes des sens, auraient pu faire gicler le sang sur l’aube des peaux. Tes lèvres poudreuses fondaient avec la neige et un printemps reverdissait dans le sanglot de l’herbe. Nos cœurs soulevaient d’une larme tout le poids du chagrin.

Une froideur entoure toujours la fine lame bleutée qui s’échappe de la flamme.

Je me suis désorganisé. Les mots s’abîment dans la poitrine de l’heure défunte.

Sous le hangar, sous la toiture de la parole, l’émotion qui s’envole tient tête à l’effondrement des ruisseaux en effervescence.

Une pluie de brouillard a recouvert la trace initiale. Tout semble être vierge sans la franche exactitude de l’innocence. La vapeur colle à la farine et l’arbitraire des souches du blé grumelle.

Un éléphant cherche le lieu propice pour mourir et c’est toujours la vie qui l’accueille. Une corne d’ivoire fanée attend le lierre qui grimpe par delà la sépulture. Savane minorée d’enfumages, steppes agrandies des herbes jaunes qui se clouent au paysage.

Derrière nous, le cri de la faune comme une cascade d’eau fraîche.

Ensemble, nous avons bu à la buée qui recouvre l’aurore jaillissante. Des mots perlés me reviennent et se récitent en boucle.

             - Tu donneras à ceux qui ne t’ont rien offert. Tu parleras aux ombres qui t’ont enseveli. Tu leur diras toute la lumière qui succombe derrière la montagne. Tu souffleras les bougies, et tu te coucheras là, sur le talus d’étincelles comme un fil de cire.

J’ai repeint le silence. J’ai décousu l’orbe fragile de cette boule de cristal. Plus rien n’apparaît qui ne soit déjà un autre silence. Une symphonie de calme jazze dans la chair marécageuse de l’air. Nos respirations tricotent le souffle qui nous a traversés.

Je dois aux seins du monde le lait de la jouvence. Je suis redevable aux crépitements incessants des braises de l’âme de la matière, à la création.

Tu sais le frisson de la matrice de nos heures de communion.

Tu sais la goulée qui nous a débordés. La vie s’est enterrée comme un couteau trop affûté, et la mort est venue reprendre nos tendresses raidies comme du fer.

L’intact relent de la destruction est toujours avide. Nous restons soumis aux ravages de la plaie vive.   

L’acte est dérisoire dés qu’il cesse d’être.

Les mots surgissent naturellement des toiles d’araignées, ils sont le seul présent que je puisse t’offrir. L’objet qui me tracasse est plus réel que moi-même.

Je suis le filtre de mes démons, la digue de mes rêves. Tour de porcelaine, l’amour, cette douce violence, heurte mes cimetières. J’entre dans l’encoche du vent.

 

 

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