Saillance. (1)
Dans la nudité tous les cœurs sont parents. L’humanité toute entière baigne dans le sang prisonnier de la chair qui affronte le soleil. Portes ouvertes où nulle cérémonie n’a eu lieu. Mon âme porte en elle le suicide divin des arbres où ravinent les ombres désespérées. Je pose ma main sur les cendres de ton cœur et c’est le rêve qui disjoncte. Lumière de frayeur entremêlée à la joie sereine, il pleut des courgettes sur l’œil troublé de la serrure de mon jardin.
Tu passes et tu perles. Tu passes et je suis. Tu passes où la marée a déjà débordé. Des larves grouillent comme des crapauds affamés. Les idées tombent comme des couettes fripées. Je ne pense plus donc je suis.
Au sommet des peaux, nos chairs plombent le calme apparent. Nos voix corsent le silence d’une mélodie avariée. L’illusion de te voir cloque les interstices. Mon désir est berné par l’aura des pensées qui t’accompagnent. Je suis seul, désespérément seul. Passager aux nervures despotes, j’alanguis sur l’échelle de l’air. La tempête brise le plomb agglutiné dans la pierre. L’éboulis est dans son ventre. Le roc se fissure et l’air s’enfuit. Une vapeur se disloque et la buée retourne à la mer. Tout l’amour est une déchirure de l’écorce terrienne.
Le temps boit l’eau de la mer qui devient déserte. La mort nous ramène à notre centre. Elle est au cœur de l’évènement journalier. J’éprouve une joie désespérée comme l’eau d’une forêt lorsqu’elle retrouve le chemin de ses racines. Mes mains sont des coquillages vides où résonnent les vagues assommantes. Les mailles du filet se relâchent. Un poisson se faufile dans mon crâne. L’arête sera mon festin et mon tremplin pour atteindre les dunes où tu te caches.