La vague. (2)
La cicatrice du deuil porte avec elle le malstrom transparent des ombres sans frontière. Et le jour qui vient s’amorce à l’utopie qui révèle la saignée désespérée de la lumière intemporelle. Dans le silence, une barque transporte la parole brisée comme un écho où nous sommes engriffés l’un à l’autre. Ce qui se cache en nous-mêmes ne peut être nommé. Voici jaillir nos âmes en fumée comme une promesse désarticulée. Plus loin, dans un poème égaré et confus, des bribes de paroles bégaient le sens du monde. Une petite porte étroite nous tend les bras. Suspendu à l’abîme, l’air reste notre racine. Le feu a disparu sous la ronce.
Nous le savons bien, l’amour franchit ce qui sépare. Aussi loin sois-tu, nos sens conservent le sel qui s’est dissolue dans notre sang. La longue tirade de la cassure imposée remet l’espoir à plus tard. Mais, le temps n’a plus de longueur, il coexiste avec l’horizon, il est une notion subjective, et nous nous touchons maintenant sur la page blanche. Nous sommes un ventre d’émotion déposée sur l’étendue qui nous regarde.
La brèche a ouvert les digues, certes. Mais elle n’a pas tout emporté. Je parcours encore les boulevards de terres restées inaltérées. Et, je veux me construire en gravitant autour de cette racine.