Lumière lointaine.
Dans la bouche de l’ombre, la parole est une encre fluide
Des braises d’air soufflent la voie d’espérance
Rien ne brûle qui ne soit d’abord séché d’abondance
Des ruisseaux et des rideaux, tous tenus debout dans l’écho
Une brève résonance où ton nom s’échappe à tire-d’aile
La détresse en progrès, l’aube fumante où meurt la nuit
Ton visage lisse sur la cire figée, tes lèvres ouvertes
Comme une porte pour le papillon qui s’envole sans bruit
Et puis des mots au rabais détachés de l’heure qui s’éloigne
Un poème tagué sur la chair du vent, ton nom comme une pluie
Personne ne décide où va se jeter la vague
La mort est invulnérable aux cordées de lumière
Qui s’effondrent dans l’abîme allongé sous ton souffle
L’écume blanchâtre se disperse sur les arbres
Qui semblent retrouver leurs fleurs tout au bout de leurs branches
L’encre est moins pesante que la sourde symphonie
Coulant à flot dans les veines détrempées de l’orage
Mon cœur est sec comme une feuille d’automne
Mon corps sorti de la soif respire la légèreté pliée en deux
Dans un coin de ma gorge. Tu es refoulée. Je suis rescapé.
La mémoire se reverse, c’est un puits à l’envers
De profil derrière le mur d’orties mauves,
Nos deux vies sur une branche
Et une seule mort effleurée par le crépuscule
Mon ignorance est un dédale ruminant ta présence
Terre de garrigues, de serpents et de thym
J’infuse comme une tisane d’herbes sèches
Dans le désert de pierre où l’eau se tait d’avoir trop su
Une herbe crantée se meurt dans l’invisible épuisé.
Liqueur d’eau dans la goulée d’un cœur avide d’air.
Croisée du monde où rien n’est tenu.
Fraîcheur du rocher. L’eau sans chaîne.
Beauté de la pierre qui grimpe et du trou de terre qui se comble.
Après tout, l’inépuisable est un mouvement.