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LA COLLINE AUX CIGALES
31 mai 2012

L'imposture.

666_nu_cheveux_longsUn séisme a ouvert la terre. Quelque chose s’est creusée ici, sur cette faille déjà vivante, sur ce terrain libre de tout accès. Quelque chose qui étrangement délivre la parole, lui confère un sens en dehors de toute cohérence. C’est dans le rythme improvisé de la lueur qui suit le réveil que tu m’interroges et m’interpelles sans relâche. L’amour n’aurait-il donc qu’une seule voix. Une unique parole ?

Longtemps rasant la terre, j’ai éraflé la frontière de l’inconnu. J’ai essayé de te survivre loyalement dans la lucidité et la concentration. Mais il est extrêmement compliqué de vouloir gérer le silence des profondeurs marines lorsqu’il surgit dans l’agitation de la surface.

Comment te dire cette sensation étrange qui me bouscule ? J’ai l’impression que chaque pas qui m’approche de ta mort me rapproche de la vie. Peut-être aller au bout de soi, c’est venir jusqu’à toi. Mais, je ne le crois pas. Il me semble qu’aucun chemin de pensée n’aboutit à la mort. Elle n’est qu’inconscience et flux intempestifs. Nous ne lui demandons rien. C’est elle qui nous fait des signes plus ou moins éloignés. Je ne saurais mieux l’interpréter, elle est toujours l’imprévu machiavélique qui s’enfonce comme une dague au fond de nos chairs sensibles. Elle nous refuse le sursis salutaire à notre épanouissement. L’espoir qui n’aboutit pas à une délivrance devient une tension. Un monde s’ouvre en dehors de l’observation. Je suis raide comme une brûlure et dur comme un jet de lave refroidie.

Entre l’utopie et la raison nos défaillances se défragmentent. Elles laissent apparaître dans le fond de nos regards, tous les rêves brisés. Une petite tache noire s’est installée sur le coin de ta cornée. A présent, il faut essayer de nous entendre par des voies de communication aériennes. L’air dépourvu d’oxygène fait perdre la tête à nos cœurs rouges comme des paroles blessées. La vie est récidiviste jusqu’à l’abandon définitif.

La parole devient vite une imposture. Le ressenti n’a pas de voix. Nous sommes muets comme une chorale rouillée par des émotions trop anciennes. La musique qui retentie dans mon âme ressemble à celle qui s’échappe des gouffres où l’on hurle à tue-tête pour y entendre résonner un écho lointain.

Nos vies n’excluent pas ce que nous avons connu. Un fantôme de souffle s’est allongé dans ma mémoire. L’absence plongée dans un bain d’acide survit à l’épreuve. Elle traîne impassible dans les grumeaux de l’air que je respire. Elle me parle du silence étouffant que l’on ressent dans le désert, les jours où la chaleur est immense. Mon cœur louche du seul œil qui te voit encore. Des copeaux d’ombres gélatineuses obstruent le sablier.

 

 

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