Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
22 mai 2012

L'air boit les grumeaux.

kimmelman_042612_manguin_coiffure_jpg_373x500_crop_q85Je te fais désormais éclore dans l’air que je respire. Plus de cordées sans ivresse, des muselières blafardes chantent le gouffre refermé. Tu as disparu de l’ombre liquoreuse du chagrin. Des feux en bouilli sous les étoiles lancent leurs dernières flammes. Tout sonne faux sur la lime des heures anciennes. Tu as déclôturé les remparts de la nuit où les murmures bercent le noir silence du sommeil. Ton visage de bonne aventure a laissé derrière lui des champs entiers de tournesols crispés comme des cadavres d'arbres rompus après une tornade. La bataille de l’air et du silence proclame la précarité de l’état de siège où nos cœurs s’étaient réfugiés.

Rien ne pourra plus t’ordonner ainsi, dans l’entaille de ma mémoire. Les mots s’étouffent de leur immensité, ils écrasent jusqu’aux murmures fluets de nos sens en érection.

Je suis occupé de fumée noire. Le monde siffle et mes oreilles se sont repliées comme un parapluie. Le cadre de ma fenêtre découpe le ciel où se sont amassés les nuages gris. 

Ma gouttière a tenu.

Malgré les grêles et les ogives du ciel.

Malgré l’averse grenue des jours qui passent.

L’air boit les grumeaux. Trop de clarté et le temps est devenu opaque.

Je suis désormais tendu comme une déraison obstinée,

Et aussi flasque qu’une idée sans lendemain.

Et, je tire de moi. J’extirpe tous les masques accrochés à l’air. Je réfute. 

Le plomb des heures mortes s’allège lorsque le vide occupe ses stries miniatures. S’il ne pèse plus son poids, c’est que j’oublie sa masse sombre pour la transpercer d’un cœur plus vaillant, plus léger. Plus écarlate.

La veillée perfusée. Le secours des histoires qui se racontent lentement. La liaison dans les veines transfusées par l’alluvion d’eau douce. Le goutte-à-goutte engloutit dans la mémoire dure, je sens ton ombre ruisseler sur l’aride jardin qui borde le fournil.

La clarté se gagne dans la nuit noire, dans la profondeur des histoires vieillies et cachées au premier regard comme un océan débusqué par un dépôt de coquillages en plein cœur du désert.

Ici, la mer est passée, ici l’eau a filé.

Nos yeux voient au travers de l’eau. Une giclée de brouillard retourne à l’océan. Mes yeux nagent comme des poissons. Le monde est occupé par ses ronflements. Je marche dans la morsure des ciels bleus. J’en viens à oublier d’oublier.

Le sable se mêle à ma voix. La plage occupe mon front. Une bouteille à la mer emporte une promesse. Derrière les dunes, un bourdonnement sourd. L’amour est à terre.

La lumière tremble et l’eau s’agite. Impossible de dire le sel qui s’est déposé sur la langue.

J’attends le premier éclair. Ma fenêtre est toujours ouverte.

Tous mes sommeils gris s’entassent. Mes rêves rassemblent les aventures. Les escaliers sont plus faciles à descendre qu’à remonter. Mon humeur s’essouffle sur les marches.

La bouche pleine de grelots, l’avarie est contenue par toute l’immensité du désarroi resté derrière la porte.

Je voudrais te retrouver dans le rythme, dans la pulsion du sanglot que le rire s’approprie. Tes mains sont restées sur le col de mes pensées tendres.

 

Publicité
Commentaires
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 326
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité