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LA COLLINE AUX CIGALES
21 mai 2012

L'abstinence.

Henri_MANGUIN_Nu_assoupi_252x3001La cicatrisation viendra comme un baiser de la rencontre des fragments qui jonchent notre histoire. Sans toi, l’ivresse est rompue, l’enthousiasme s’est désaxé de ses ressorts, et le tremplin renvoie toujours derrière. Nous tenions pourtant nos rires et nos joies entre nos mains. Nous étions le reflet d’un rêve, une calotte imprimée de fleurs frappant sur nos joues bien roses.

Mais, voici un destin trichant la couverture de nos espoirs. Sans doute ce levain était-il inscrit dans l’heure tourbillonnante de la fatalité. Celle qui n’a pas de langue pour dire, ni de dents pour croquer la farine du sablier. Sans doute, sommes-nous trop lourds de ces rêves emmaillotés de carences refoulées pour être en mesure de bâtir des mausolées de promesses. Nous avons laissé nos visages, là-bas au loin, sur le bord du monde. Avec la distance, ils sont devenus des masques de bronze, des moulures incrustées aux écorces qui peuplent mes tourments comme des ampoules s’éclairent dans le noir où tu dors.  

Nous rebondissons de la nuit du temps pour renaître des selles liquides du désespoir. Nous guérissons de chaque instant et de chaque pépite dorée au cœur des étincelles. Nous marchons, enlacés, et le détachement qui semblait nous séparer de la lumière, nous rapproche au plus prés du feu originel. Dans un coin de campagne, sur la face glacée de nos songes, nous retrouverons les rires sanglotés de notre dernière rencontre.

Sans le goût du thym et de l’ail dans la bouche, nos vies plaident pour des vases vides. Nos voix recousent les fentes percées par le néant comme un aperçu sur le regret. Et à la surface de l’immédiat, l’air ne sait plus s’occuper que de lui-même. Sous chaque buisson, chaque bosquet, une étreinte d’herbes et de bois demeure couchée dans l’attente comme un nid vide promet une vie nouvelle.

Les mots se désaltèrent, restitués par le burin des songes. Sacoche à sangles et à fermoir, le cuir poli par l’usure, ils déversent ce qui a été trop longuement retenu dans nos bouches. En dehors du silence, l’illusion vient polir le réel de nos arêtes vives. Et dans ton regard fané, j’imagine un ruisseau qui s’écoule et le flot de nos cœurs emportant toute la vieille gaze qui entourait notre vigueur. Un peu plus loin encore, la persistance du souvenir impérissable gueule son foutre dans la fontaine aux miracles. Le vide nous dit adieu, et nous retenons nos souffles à l’intérieur des miroirs sans tain. L’ombre et ses messages déstabilisent la clarté.

Sur les hanches voluptueuses des synonymes affectueux et autour des yeux ronds comme des papillotes dans leur papier sulfurisé, j’ai dupliqué ma revanche sur l’amour aux rouges offrandes de la silhouette d’une inconnue. Je t’ai redonné corps dans cet ailleurs qui n’est pas le tien. Je t’ai fait revivre comme un jour terré sous l’empreinte de tes sourires. Jusqu’à plus soif. Jusqu’à rebâtir ton absence.

Je me suis rassemblé en une seule goulée au fond de la gorge qui perlait ta ressemblance. Ma suée était l’affirmation de ton remplacement. Mais la déchirure ne fut pas comblée. Mais l’absence n’était pas compensée. Alors, il m’a fallu défaire les sacs dans lesquels je croyais t’avoir conservée. Il m’a fallu reconnaître la fausseté du pas. Et, j’ai déchiré cette candide infraction. J’ai mordu la terre qui m’a fait naître. Tu as disparu et l’amour plus faible que l’abstinence, aussi.

 

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