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LA COLLINE AUX CIGALES
17 mai 2012

Libres de nos défaillances et de nos vulnérabilités.

GURIN__1Mais la résignation vient seulement lorsque les apparences occupent pleinement l'espace de nos regards. Parce que le sujet de l’étonnement parodie l’excellence de notre dialogue. Il lui attribue les habits et les décors de sa mise en scène.   

L’amour cherche désespérément à se délivrer de ses illusions. Mon cœur doit reconquérir le monde sans toi. Amour vainqueur, amour despote, ton visage plaide en faveur d’une absence précieuse. Je suis emporté par l’élan égoïste de ma manifestation à te pénétrer l’âme comme une lueur se convertit à ta pudique luminosité. Je veux défier chaque sensation pour en décortiquer la part juteuse dans cette jarre pleine d’exclusives perceptions.  

Toutes les images recomposées durant l’exil se sont inscrites dans la chair de promesse. Le grain séché est tombé entre les meules du temps. Il ne reste que l’instant brut tapis derrière le mur du dérisoire. Un linge humide abandonné sur le fil des déconvenues. On tourne le dos à l’horizon froissé et c’est la jubilation du désastre qui se reflète sur nos nuques nues.   

La rage d’être s’incarne volontiers en courtisane pourvoyeuse d’effusions sentimentales. Il est impératif que tout soit ramené à sa forme première, aux berceaux des refoulements, aux certitudes ankylosées et à la vie tremblante. Il nous faudra puiser à l’innocence et à la source du silence. Nous devons créer une voie de vitalité en plein cœur du désert.     

Viens. Aide-moi. Il faut égrener du plaisir ce qui en est la source, son moteur, son inspirateur. 

L’amour n’est jamais irrécupérable, il ne cède pas. Ce qui s’est envolé demeure un mirage désaltérant pour la pensée. Nos vestiges sont des gouffres amers où se mélangent le miel et le piment.

Ce que nous avons perdu, nous le retrouvons ici, entre les barques échouées et les roseaux naissants. Nous avions tenu hauts nos cœurs d’enfants au-dessus des marais de Camargue, et nous voilà à boire dans la mare laiteuse le trop plein du calice déversé à nos pieds. Aimer ne compense pas la souffrance, cela lui confère une authenticité. Tu n’es plus ici et je suis forclos. D’éphémères bouées de sauvetage glissent entre les vagues du désespoir. Tu te faufiles, légère, sur l’horizon floqué d’une réalité mourante dans l’écho d’un rêve. De toute façon, on ne croira pas au cauchemar tant que nous resterons éveillés dans le sommeil. Le manque a trop d’envergure.

Cette vie d’épuisements en promesse, c’est notre chantier depuis le premier jour. Je suis à l’intérieur des pierres où s’emboîte mon pas. Je marche sur l’air et ta lumière m’essouffle. Trop de fracas dans le blanc et trop d’infinis inaudibles s’offrent à la brûlure du vent. J’ai choisi de ranger mon corps dans la lame d’un couteau. Et, je dépèce chaque espoir jusqu’à l’os. Je te donne l’idée qui poursuit mon cœur mais je crois que tu attends la nuit pour fondre dans mes rêves.

Je persiste à caresser ta joue pour parler à ton cœur, ce lieu d’émotions vives où se sacralise l’écorchure de l’émotion. L’absence est toujours un rendez-vous avec soi-même. Nous sommes libres de nos défaillances et de nos vulnérabilités, tripotant sans cesse nos rêves d’enfants et nos romances roses en guise de sucette dans la bouche.  

Sous le chapeau des heures distendues la mémoire et l’oubli s’entrechoquent. Ecrire déforme l’inachevé et ouvre un sillon de couleur jusqu’à l’abîme. Les mots se rebellent. Ils suivent l’histoire qu’ils racontent sans pouvoir couturer la nuit blessée.

L’orgueil qui prétend m’alléger m’emporte comme le vent et partout où je me croyais lourd comme un rocher, je vole comme une plume. Mon vœu de retrouvailles est une coupure déhoussée. Le temps est un voleur. Il chaparde nos plus belles entailles.

Ici et maintenant, tout est démuni par ta seule absence. La nuit croise ses fils d’étoffes échancrées et les mailles de nos pluies de brouillons. Elle tisse des témoignages incroyables et une nuée de pagaille s’étire comme un tissu invisible. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je t’invente lorsque tu me manques. C’est aussi ce qui fait surgir le jour à la surface de nos peaux.

Je suis à l’intérieur de la promesse comme un noyau dans un fruit. Je suis une émeute journalière dans l’infini. Tout ce qui me relie à toi est le langage de l’air. J’avale des mots comme un accordéon. C’est un bal de nuisettes effilées, une gigue à deux temps, une mélodie rapatriée du désastre. Quelque part, sous la roche posée sur ma tendresse, une source coule des ruisseaux d’ombre qu’elle dévale.

Ton visage traverse mes pensées et je cours immédiatement après toi. Je te vois, et je prends une cuite solaire. Il y a un bouillon de lumière dans la fièvre qui gravite autour de l’eau vive. Nos yeux se cognent comme des torches dans le brouillard. Derrière nous, une fumée de lune gibbeuse cache le poignard de l’amour qui t’a transpercé.

Mais, nous vaincrons la mort par notre détermination à ne pas en être. En même temps, ne sachant pas vraiment qui elle est, nous faisons le pari immédiat de convertir la lumière à ses dépends. Nous proclamerons la vie par-dessus la souffrance et notre révolte suffira à remplir nos âmes. Aucun retour n’est possible, le destin ne s’oppose pas à l’infini du monde. Nos mains vides et nos poitrines chantantes, nous irons convoler en justes noces. Le blanc sera le début du mouvement où les couleurs prendront forme. Nous chuterons dans la lumière les yeux fermés et le cœur ouvert. Il ne sera plus utile de débusquer le soupir de l’aventure, nous serons nous-mêmes le voyage. Toute l’eau qui coule berce nos promenades. Nos corps ont bus à l’espace sans frontière où les ombres s’effacent. De notre sommeil s’échappe le plomb des jours noirâtres comme une trombe d’eau épaisse se déverse après l’écluse. Nous sommes une tentative d’égorgement de la fragilité.

 

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