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LA COLLINE AUX CIGALES
16 mai 2012

Je te porte en moi.

DSC_0036Qui sait si en ce moment même, tu ne lis pas au travers de mon âme. Je t’ai perdu en aimant. En un instant, ma lumière intérieure s’est volatilisée dans une décharge d’étincelles, puis elle s’est liquéfiée dans la suie noire que le vent emporte.    

Je suis le berceau du rêve qui me berce. Je te porte en moi comme une enfance devenue adulte trop vite, comme une goutte d’espoir devenue sèche aussitôt la chute. Une frange de l’aube tombe dans mon gosier. Je ne peux plus te demander un baiser pour la nuit. J’ai rêvé le jour dans un long manteau de sang. Nous deux autrement, nous deux distinctement repliés dans l’unisson déconcertant d’une expression qui n’avait plus de nom. 

De l’angoisse à l’extase, la perte se confond délibérément avec le parfum qui se greffe à la vigilance de la mort. Il est nécessaire de retourner les yeux du dedans au dehors. Parce que l’infection est dans l’introspection. Parce que le leurre devient supérieur à la nécessité. La douleur s’y réfugie comme une maladie accompagnant nos refrains de défense immunitaires et nos rengaines de sauvegarde. Une mélopée d’arpèges glauque s’entrelace à l’effroi de nos dérives. Tout chavire en permanence. La solidité n’est plus qu’une vasque ébréchée par les sensations dominantes. L’acmé prodigue ses effets de digression et les émotions contradictoires prolongent le vide jusqu’à sa défaillance. Ses rumeurs venimeuses s’étendent jusqu’à l’affabulation et réécrivent le drame vécu en s’employant à lui conférer un statut unique.

Il est des moments d’existence où tout ce que l’on a construit nous semble dérisoire. Des moments où l’on voudrait pouvoir s’accrocher à une pensée plus solide et plus forte que la réalité déficiente. Mais, l’angoisse se décalotte dans l’obscurité à vif et nous ne ressentons plus rien d’autre.  

Le manque est plus douloureux que le bonheur perdu. La vie achevée rejoint nos bibliothèques de mémoires, alors que l’absence revendique toujours l’innocence de ses premières émotions. Le bonheur est un vide au repos. C’est une béance charnelle où soupire l’exaltation que l’on croit avoir connu. Je te voudrais encore dans la flamme imaginaire qui lèche l’horizon. Je voudrais retourner à la mer et reprendre place dans le creux de nos tempêtes. J’aimerais réinitialiser le temps et déverrouiller l’espace où nous sommes enfermés.

Une légère buée blanche flotte dans l’air. Ma tristesse se moque bien des vapeurs disloquées et des évaporations désordonnées. Les vergetures de notre sang évoquent la contrainte du silence d’amour où nos douceurs se sont mélangées alors que nous aurions préférés inscrire notre amitié fraternelle en dehors des chemins balisés par les turbulences amères. Pourtant cette effusion rongeuse prononce une collerette asséchée qui s’écaille au moindre soupir. Le lien filial conserve sa pureté et sa densité malgré les regrets. Nous appartenons à nos cendres autant qu’elles conservent ce que nous avons été.

 

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Commentaires
B
De l'eau, de l'eau, pour les enfants et les allumettes, pour la soif et les incendies !<br /> <br /> <br /> <br /> Si nous aimons tant la pluie, c’est sans doute parce que nous gardons en mémoire l’idée de l’orage qui nous a lavés.
J
toujours en émotion-tendresse<br /> <br /> on dirait qu'il va enfin pleuvoir
B
Refuser, serait décapiter tout espoir.
I
comment retourner à la mer quand on refuse d'en retrouver le chemin, et lui interdit tout accés..?<br /> <br /> et je ne crois pas à l'amitié fraternelle, aucune commune mesure entre la fratrie et les potes<br /> <br /> <br /> <br /> (moi, pas de vergetures, mais des tempêtes oui.<br /> <br /> youpi non?))
I
très beau !
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