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LA COLLINE AUX CIGALES
19 avril 2012

Bric-à-brac d'inaudibles lueurs.

Divan_83_X_72Le volume de la voix réside dans l’imprononçable calcul de la chair. Il faut décortiquer le ventre des mots déposés puis suspendus dans l’air pour improviser de nouvelles phrases. Des dailles, des enclumes et des étaux, tout un appareillage frugal s’anime pour construire des parenthèses. Ce qui ne s’entend pas claque la porte. L’indicible se recroqueville sous la langue et des milliers de grumeaux étouffent un peu la respiration. Mon rêve se heurte à la poésie molle des jours sans stupéfaction. Si tu étais physiquement là, emboîter à la buée du jour, le silence porterait à lui seul l’envergure du ciel raffermi par le scintillement des astres inatteignables. Au lieu de cela, mes lèvres se butent et se culbutent sur la paroi muette du désir inconcevable. Il n’y a rien à dire. Rien à prévoir. L’absence officie comme un alcool frelaté. Le calice de nos conjurations anciennes déborde, et c’est le vide qui boit nos démesures. Il n’y a plus rien. Tout est dissipé, tout est ventilé sur d’autres lieux provisoires. J’ai tout de même la ferme certitude de te tenir dans ma main. J’ai la conviction que tu demeures vraie au-delà de la transparence. J’ai deux mains lissent par lesquelles tu glisses comme une flamme communiant son effervescence.

 

Mon corps a connu l’ablation et la coupure, il sait la pensée volatile et le grain de l’air insupportable par moment. La dichotomie insensée de la parole et du verbe me charrie comme un sac de sable en plein désert. Chaque phrase n’est finalement qu’une défragmentation insoluble à mon cœur. Je te tiens et te retiens comme une fuite incompressible. Tu voyages en dehors des courants immobiles. Ta mort n’est rien comparée à la dimension que tu occupes désormais dans la salive de mes gestes. Le néant n’a pas prévu d’escales prometteuses. Le contre-jour sait la proximité de la nuit qui le touche. Elle témoignera sans doute mieux que toutes les prières dures restées en chapelets au fond de ma gorge. Le temps est ingrat. Les heures envolées emportent avec elles l’attente sur laquelle nous n’avons pas de prise. Je t’ai attendu, et je ne t’attends plus. Je t’avais perdu dans les dédales de ma propre turbulence. Je t’ai retrouvé lorsque j’ai pu mettre un nom sur ma vie. L’amour n’a pas de trace. Il y a tout autour de nous une fragrance de thym et cela suffit à ce que la colline de notre enfance s’érige sous ma peau.

 

 

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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