Le gardien du temps se réveille.
Malgré l’incendie des naissances, la vie ne disparaît pas complètement. Car elle n’y arrive pas, quoiqu’on fasse. Trop de canaux insaturés de vent et de chauve-souris arpentent les fentes de nos illusions. La nuit, lentement, emporte le secret du noir. Le regard qu’on lui porte est une péninsule de sable surplombant l’étendue indomptable. Dans nos ventres, c’est la danse des chenilles, avant que n’advienne la marge duveteuse où se retirent les papillons.
Je t’imagine haute dans le trajet des voiles perdus, envolée du puits immobile des signes solitaires. Tu es venue avec l’air, tu es repartie gonflée et gorgée de la mer de sable qui coule de mes yeux. Je ne suis pas tout seul dans ce cloître inapparent. Ta main touche encore la harpe du silence. Tes lèvres murmurent cette fièvre commune qui assaille nos poitrines.
Tes bagages sont dans mon sang comme des bateaux fantômes traversent les mers recouvertes par la buée des aubes nouvelles. De misérables roseaux fouettent imperturbablement les dunes reconstruites durant la nuit. Le tic tac du réveil égrène une à une les rêveries qui frôlent le réel. Le jour va reprendre sa marche. Ses poches sont remplies de l’amour qui s’enfante dans l’obscurité.