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LA COLLINE AUX CIGALES
17 novembre 2011

Entre mon royaume de sang et le monde.

imagesCAKL9XBDEncore une fois j'ai changé de jeu, encore une fois je m'invente une nouvelle vie. J’aime la fusion qui m’intensifie. Elle fait naître en moi la double affirmation de ce que je suis, et je m’entends mieux vivre dans cette résonance.

Et puis, il y a tant de lieux où la beauté s’exaspère d’être si franche et si joviale. Des arquebuses à mèche mouillée où le feu ne prend pas. Il y a des murailles cambrées dans le sol de nos retranchements et des ciels retournés qui menacent l’équilibre. La beauté n’a pas d’heure. Elle n’appartient pas à l’évidence, ou n’y appartient plus. Elle vient du noir, elle vient par l’œil qui regarde l’ombre pour ne plus y voir qu’une flamme léchant tes contours.

Ca vient tout doucement, ça s’étire et s'affine. L'air de rien, je me suis délesté des rêves inutiles. J'ai fait de grands progrès dans ce domaine, c'est un peu à toi que je le dois. Tu m'as guéri de certaines envies, et il faudra qu'un jour je te remercie.

Je suis dans un épanchement qui rejoint le passé. Chaque fois que je me retourne, je recule. Chaque fois que je recule, je rumine mon présent. Des bouffées de toi reprennent place dans les volutes de mes pensées surinées où s’épuise la lame déchirante du regret. Je ne me retournerai plus, c'est inutile et ça fait mal. Alors, j'oublie, petit à petit. Je t’efface au profit de la grâce du jour. C'est douloureux mais ta présence cachée m’illumine comme une lampe douce durant une veillée.

Le printemps reviendra et puis l'été, et puis l’hiver. Alors je partirai. Je m’en retournerai dans mon terrier, dans mon lit enchevêtré de mille sommeils. J’y gagnerai ma liberté, comme l’on gagne sa vie à ne savoir qu’en faire. Et, j’irai me promener dans le désert comme une puce sur le dos d’un chameau.

J'ai appris la douleur en apprenant à respirer. J’ai su très tôt que le renoncement pouvait être fatal. Je sais la vie ribaude et grave. Je sais la bouche où la salive est amoureuse. Je sais que le temps est de la terre. Et, je sais le leurre persistant. 

Je ne sais pas écrire joli ni beau, c'est une défaite. Ou pas. J'ai peur de lâcher prise, je sens le vide qui rôde. L’effondrement viendra. Nul doute. Il faudra fuir les lettres stigmatisées qui fanent sur la pointe du crayon. Il faut fuir l’écriture qui n’est que précipice.

L’écriture est comme moi, elle marche vers l’effacement. Elle se momifie du dehors, et le de l’extérieur qui se liquéfie dans les veines de ma pensée. Je touche la vie et ressens la mort. Je touche à toi et me replie dans la trame chaude de ma peau. Je voudrais bien pour une fois percevoir le senti de l’extérieur de ma chair. Mais la contrainte de l’arrachement ne parvient pas à me soumettre. Dans l’atelier de l’écriture, les mots touchent le dehors qui m’infiltre. Mon corps se réduit au toucher des mots, à l’aspect tactile de la pensée. Ma main et ma langue puisent aux signes récurrents. Tous les codes s’entremêlent et s’interfèrent.

Te dire et te raconter… je m’apprends sans cesse à devenir. Je me raconte dans un chapelet de silence intersidéral où le non-dit se purge comme une durite calcifiée par l’abondance des eaux qui la parcourt. Extraite du corps l’expérience nourrit le récit des affrontements qui se déroulent entre mon royaume de sang et le monde. Car chaque frontière, chaque paroi cède aux conflits de ce que je ressens à ce que je pense. L’énigme est davantage dans ce flot de rouge fécondé par je ne sais quel diffuseur de promesses. Je m’expose à être et à écrire supposant que l’effondrement des barrières de la compréhension annoncera la précipitation du possible. Sans doute, le mouvement nu et l’infirmité du néant se dépèceront et succomberont aux résistances du réel.

Dans ce délabrement, il ne s’agit plus de faire le vide mais de l’être. Le mouvement de l’histoire est fugitif. La fiction omniprésente chute dans l’illisibilité et dans sa mutité forcée. Le mot n’est alors qu’un résidu défait de sa trace originelle. La parole avale le bruit des gares traversées, absorbe la matière et choie comme une popeline de soie

Notre corps fait carrière dans la peau et les os avant de retourner à l’idée qu’il a de lui-même, avant de se redéfinir comme un bouclier et un tremplin à l’évidence de la pensée qu’il nourrit et qui l’agite.

Je voltige à des altitudes où il n’y a plus d’air. L’apesanteur est une fausse sensation. Ce qui est lourd demeure lourd. Tes yeux, tes mains, ta bouche restent des enclumes et je ne sais pas dire le poids qui me plaque au sol. Je respire la poussière et mon cœur invente d’autres allégories plus légères. Mais rien ne se dissipe vraiment. Tu es là comme une buée que rien ne fait disparaître.

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