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LA COLLINE AUX CIGALES
22 août 2011

Je m’achève à ton chevet.

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Larmes arrachées au destin, pupitre d’eau mouillé, purin d’amour logeant l’inanimé, il faut paraître et offrir à ton regard des givres pourléchant la vitrine. L’éloignement a perdu la salive des mots, mais la parole asséchée garde encore une part de candeur lisse dans son panier.

 

Simples vivants, parmi la foule, l’amour et la joie sont les deux anses du bonheur. Il faudrait tout recommencer sans rien défaire. Découdre du menton les mots qui ont ruisselés, débâtir l’estrade de la parole, et le lien des eaux qui s’abandonne aux seringues du temps.

 

Je ne voudrais pas, pourtant, être un autre. Seulement moi-même jusqu'au bout du sang qui coule dans mes veines comme une rengaine sans cesse renouvelée.  

 

Le temps parcouru est autant d’encaissements sur l’horloge bleutée accompagnant le ciel dans ses dérobades. Il limoge les facéties truculentes de la ponctuation et répare les chagrins rencontrés en chemin. Je vais à toi comme ces troncs d’arbres flottants, le cœur pressé d’en découdre, le cœur mâchonnant du papier libre. C'est-à-dire du papier vierge. Chaque écriture est un piège, une courroie parodiant l’engrenage. Une essence sans moteur. Je t’approche comme ce nid perdu où il ne reste que quelques plumes. La langue sur l’échafaud, j’attends venir la lame des heures de brouillon où jadis j’écrivais la romance d’un rêve pas tout à fait gémissement, pas tout à fait soupirant.  

 

Tu avais seize ans et les yeux lourds, chargés de rimmels. Toute la poudre du monde que tu déposais sur tes paupières ne cachait pas ton désir de séduire. La nuit défaisait tes rêves et lorsque tu pleurais c’est le noir gluant qui dégoulinait sur le tapis bordant ton lit.

Chaque fois qu’un orage grondait violemment, tu venais me rejoindre sous les draps fraternels et le contact de nos peaux était un apaisement.   

 

Mon esprit est une matière qui s’allume. Je pense, donc je racle ma conscience jusqu’à l’abattement. Solide des mots que je fais naître, je perds mes eaux. J’hallucine la touffe de silence qui gravite jusqu’à ma gorge. Tu seras terriblement vivante de cette angoisse. L’abstinence me souille comme un chiffon de mécanicien. Mon gant de sueur touche à ton ombre. Je te vois dans le bâillement de la lumière. Tu coules d’une fissure blanche. Mes membranes fragiles vont plus loin que la rue, plus loin que la fenêtre restée ouverte. Les façades de l’enfance réfléchissent des ombres chinoises. Nous nous resserrons d’un cran. Un tour de vis de plus, et les pierres de notre source avaleront la montagne qui opprime l’horizon. J’arrive doucement à ce fruit que nous n’avons pas mangé. A cet air respiré que nous n’avons pas recraché. A cette arche rose que nous n’avons pas fui.

 

La réprimande loge cette béance à jamais vide. L’esclavage du cœur construit des cathédrales qui dépassent les remparts. La rupture se raconte sans fin. Créneau après créneau, le jour pénètre les os de nos sépultures. Le voyage s’arrête. Une musique se relève.

 

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