Il n’y a que…
Dans le duvet de tes yeux le souffle lent des brises douces.
Deux mots de rien. Une pie bavarde sur l’étendoir. La culasse du tracteur a cédé. Derrière la maison traîne toujours des cartons.
Sur ta langue, l’ortie des jours blêmes. Ton tiroir est vide.
Le mouvement de la vie, arrêté. Sous tes paupières, le vide. Comme une sieste imprévue.
Dans ton cœur, des baguettes de sourcier. Ta voix vibrante et tremblante. Même dans le murmure.
Où est cette source, ce fil d’eau, cette pichinade humide ?
Sian ben poli, aquo.
Une mandoline dans la terre cherche ses cordes.
Sans cesse et sans cesse n’est pas un perpétuel. Il y a plus grand.
Une auge remplie de ciel est dans ta main. Quelques gouttes tombent sur le sol. Tu es pressée.
Devenir. Tu veux devenir. Tu ne sais pas vraiment quoi devenir. Mais tu veux avancer, comme tu dis.
Devant, l’ombre d’hier plane pourtant. Mais aucune importance. Tu veux dépasser l’ombre. Rester là, sans rien faire, te semble être mourir.
Un ergot sur les mollets du ciel cherche une ouverture.
L’anti-poésie, c’est quand l’instant nous demande de compter. Transcripteurs inlassables des faits, nous plongeons dans l’abîme. Sur le grand réseau des voies ferrées, les rails se suivent. Parallèles. Des trains navettes, michelines omnibus, passent.
Il y a des coups de poing qui font mal à la main de celui qui le donne. Le problème est de ramener l’étranger à la raison. Quelle raison ? Le plus fort, le plus faible ? L’ascenseur des morales est en panne. Je suis au sous-sol, j’appuie sur le bouton : septième étages.
Je tiens un journal quotidien. Tu y apparais. Les pages sont froissés. Mon orgueil. Ma plaie. L’escalade des maux. Des nuits blanches comme griefs étincelants. Aboutir ! Oui, aboutir je ne sais où, mais aboutir.
Les liens avec l’irréel sont tenaces. L’esbroufe est partout. En clair, je ne veux plus voir la somme du courroux. La révolte est trop souvent une bannière. Exit. Tout est exit. Et, je file. Je file, car même.
Tes yeux, tes mains. Est-ce une vie ?
L’ardoise se remplit et s’efface. Poussière blanche tombe parterre.
Un médium me dit que l’œil qui tremble voit flou. J’ai des vertiges dans le ventre. Ma soupe se boit sans adjuvant.
Tu ris de moi et ma peau s’éclate comme une grenade trop cuite. J’ai l’envie. Mais le désir se noie dans des choix irrésolubles. S’il te plait, chante-moi du rêve, j’ai chaud !
Sois mon glaçon, ma mer de glace, mon pôle rêveur.
Je sais bien que quelque part, une harpe joue du Mozart. Mes dents ont la cirrhose. Je suis carié de l’intérieur. Un homme averti, ne vaut rien. Lui-même, et puis c’est tout.
L’homme, c’est celui que je traverse sans me reconnaître.
Poésie d’existence ou le contraire. Les mots se renoncent à eux-mêmes. Je t’écris du givre et tu lis sans compréhension du froid. Un éclat, c’est ta gueule sur la mienne comme du fromage dans un sandwich.
Vire ! Chante ! L’ombre n’a pas de capote.
Une lumière, toujours. Il y a le blanc et son film insensé. Une mouture de café et puis la buée.
Tu reviens de loin, en un clin d’œil. Tu n’es pas là. Tu n’as jamais été là. Tu es tout le temps.
Panache de la posture. Je me tiens droit. Je suis affalé comme l’ombre d’une bougie sur le mur. Le mur n’est pas droit. Il est affalé. Je ne sais plus.
Je suis vivant. Je sens bien que tu me regardes.