Désir, laborieux laboratoire de l’instinct.
Toi et moi dans le même désir. Je le veux. Je le sens.
Le désir enrôle les mots. L’avenir s’entrouvre. Plus rien ne m’opprime, hors la joie qui écrase. Je rêve comme il est bon de rêver. Si les mots servent à quelque chose, qu’ils servent à cela.
Te dire combien les ampoules sur ma langue, à force de ressasser ton absence, sont devenues des coques de gourmandises transparentes.
Les mots, tous poings fermés, boxent l’épaisseur du tiraillement qu’il y a entre les phalanges des caresses et les touffes de tes sourires qui grimpent en moi comme des bouquets de solitude se dénouent dans la salive.
Ils coulent avec l’air que je respire.
Ils dévalent les pentes comme des ruisseaux à la fonte des neiges, ils enjambent l’aurore pour se planter directement dans le soleil.
La mémoire est la tutelle de mes os. Le souvenir s’articule comme des membres revigorés, et nous foulons les intervalles qui nous renvoient à nous-mêmes.
Nos mers sont des champs d’oliviers où le feu clair nous porte. Serrure contre serrure, nous avons posé les clefs dans nos souffles.
Le silence qui nous brasse redresse l’air qui nous entoure.
Le vide trouve un sens nouveau dans le tarissement qui associe et assouvie.
Nous n’avons que faire des heures rouillées. Nos marteaux sont des chutes. Nos bruits intérieurs sont les battements de nos sangs. Ils refluent dans nos ciels comme des oiseaux de passage.
Je te hisse comme une voile. Il faut faire de l’amour une plénitude. Une douceur mordante. Un crochet sans pointe. Une émotion surgissante.
Ce n’est pas la solitude qui fait l’isolement. Nos mains sont restées offertes. Nos corps se sont dissipés pour laisser place au tarissement des ombres, pour inviter la lumière à rejoindre les boucles de nos cœurs.
Je fourmille comme une descente de lit attend ton pied. Aujourd’hui, je tente de naître. Je franchis la montagne et la bosse s’incline. Je rejoins la terre et brûle le vide. La terre ce cauchemar de cendres tourne dans mon sang comme une toupie désorientée. Le sol fond comme une peinture au soleil. Ma vie sensible au désordre se plie dans tes yeux. Deux pôles prennent conscience de la proximité de l’effondrement. La certitude que le soleil cache d’autres lumières.
Chaque écart est un plein qui s’ignore. L’absence est un désir mort. Maintenant je sais de quoi se nourrit la patience. Ses limites sont les grilles qui nous séparent.
Il faut nous réveiller dans le feu qui brûle nos ventres. Il faut étouffer la rage et s’assouplir au réveil qui nous trouve seul. C’est la vie qui brûle, pas nous.