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LA COLLINE AUX CIGALES
2 septembre 2010

Couvert d’ignorances. Comme un rencontre nouvelle.

lucian_freud_paintings

Seul du reste du monde. Sans l’autre, jamais je n’aurais su que j’étais. La vie a mauvaise haleine, qui me vole la permanence du libre arbitre m’embourbant dans la nuit des sentiments encaqués.

Depuis l’aube, c’est ainsi, c’est infranchissable. Une apnée nouvelle retient le jour d’une potentielle délivrance. La mer remonte dans mes veines. Je n’ai plus soif. Ma gorge s’émiette de retentissements cinglants. L’effroi du monde des vivants suppute dans tout mon corps son charbon noir et ses effluves aux odeurs d’acier, d’électricité galvanisée, de gaz nauséabond. Est-ce toi qui t’échappe ou bien est-ce moi qui chavire ?

Je l’ignore.

L’insuffisance fait naître de nouvelles jubilations. C’est l’imaginaire qui s’emballe.

Rescapé pudibond de tous mes naufrages, je cherche au-dedans de l’ignorance, la part spontanée de l’existence. Serait-elle myope que j’irai à tâtons.

Est-ce une astuce de l’ignorance que d’inhiber la raison et de la rendre muette de révélations compréhensibles ?

L’ignorance dans sa bonté nous offre la traduction brute. Elle nous réduit à accepter sans comprendre. Elle déroule le savoir à l’envers, dicte à nos voix l’indistinct murmure des peurs incontrôlées, des émanations purulentes de nos natures à la proie de nos sens apeurés de leurs innocences pures.

Depuis l’idéale conscription qui nous a réuni, nous nous consolons l’un l’autre de nos obstinations à en découdre avec la durée. L’impéritie précise nos maladresses et décante le temps de ses contentions, de ses gouvernements ordonnés à nous marier aux flammes des incompréhensions qui nous menottent et nous sanglent comme des fagots d’inutiles persévérances. De l’ignorance, je redoute l’ombre cachée à la lumière. Je redoute la cohérence d’inéluctables terrassements. Je redoute la main de soie dans le gant des combats vains.

Ne suffit pas d’aimer. Non, ne suffit pas d’être à la merci des sens. Il faut désoeuvrer le crachin d’émotions qui nous amplifie de l’absolu nécessité de vaincre le désir pour lui donner le visage d’un ange de terreurs plus grandes. Ne suffit pas l’empreinte gravée sur l’écorce de nos os, il faut aussi pouvoir brûler la lumière qui les éclaire.

Qu’avons-nous fait de nous dans l’étroitesse de nos aspirations à croiser nos mains et nos voiles comme des cœurs ratissés de leurs culbutes ?

Nous habitons si sûrement le sang de nos fissures. Nous équarrissons la solitude pour mieux charpenter nos serments de fusion et de symbiose. Nous ignorons le vide pour mieux grever nos imperfectibles vulnérabilités.

Ils sont morts nos anciens déchirements. Tous ont laissé en moi leurs habits et leurs déjections, et m'ont instruit de leur pure sincérité, en amont de l’amour et du langage. L’ignorance loge d’autres peaux. Je la sens déjà souffrir d’autres incuries.

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