Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
30 novembre 2009

E - 017 - Coercition.

Nu_96_97_08

Avant avant, il n’y a pas d’avant. Avant toi, avant moi, rien n’existait. Pas même le temps, pas même une ombre sur une page d’oubli, sur un contenu perdu où s’est effacé la trace à nos mémoires de pierre. L’énigme tantôt misère, tantôt peau de chagrin, tantôt apothéose, offre à nos tâtonnements la peau des heures qui s’effondrent de nos amas de certitudes.

L’enfance est exclue du mystère parce qu’elle rivalise avec les origines lointaines de la vie et constitue la plus fabuleuse conjuration qu’il soit d’avec la mort et le tragique du vivant.

Avant, n’a plus de voix, n’a plus rien à dire, outre cet aujourd’hui où tout est rassemblé, regroupé sans véritable unité. Avant est chaque fois, cette liturgie impénétrable, cette musique épuisée dont il ne nous reste que le rythme, la cadence des cœurs, le tempo des lumières. La vitesse lente du blanc où tout se gomme pour devenir léger. Si léger que rien ne colle, que rien n’accroche.

Nos tourbillons brassent l’air et nos souffles s’engorgent de désir. Nous jouons dans l’ombre à recoller les blancs. Nous dansons dans l’ombre comme des girouettes désarçonnées. Ta vie, ma vie, s’écoulent sur cette passerelle fragile qui ne supporte pas l’éternité et qui pourtant cherche à la rejoindre.

Chaque fois qu’on aime d’amour, nos plus gros tambours sonnent l’alerte et l’urgence à nous déplier et à défaire les nœuds solides de nos défaillances. Nos désespoirs sont dans les miroirs que nos yeux enflamment comme des feux venus de nulle-part. On refait les chemins escarpés des naissances de hasard et on se tient par la main pour ne pas chavirer plus loin, dans l’abysse de nos fonds crevés où s’achèvent nos dérisoires élans à refaire le monde du même baptême que nos rires chargés de nos naufrages.

Nous cherchons dans le jour ce que la nuit tait et dans le silence l’empreinte muette de nos révoltes. Nous façonnons l’ombre de mille tourments. Nous becquetons un simple baiser en passant.

Nos amours sont des écluses. Des écluses du bout du monde. Des douleurs de plaisir où s’écorchent à vif nos turbulences à nous réveiller. A nous réveiller des torpeurs malignes dans lesquelles on noie volontiers nos paroxysmes et nos effrois à nous révéler un corps, une peau, une chair vivante dans son repentir, dans son excuse à être là, si vibrante et si mouvante aussi.

Nos amours : des fruits de désirs pervertissant toutes nos résolutions à n’être que pureté. Toutes nos rébellions à nous engouffrer dans la douceur de l’autre comme on pénètre un lieu qui nous est promis et interdit tout à la fois. Trépassements. Dépassements. Il faut nous résoudre à boire ce miel qui parcourt nos corps et dont on ne sait plus l’histoire qui l’a conçu. Il faut nous résoudre à cette folie porteuse qui transcende jusqu’à la réalité foudroyée de nos émotions à nous dire. Nous nous racontons les contes qui frisent avec nos débris, nos braises sans cessent recomposées, nos faims jamais identiques et toujours similaires.

Nous marchons l’un vers l’autre, l’un dans l’autre, et nos pas franchissent les murailles de nos profondeurs. Nous marchons avides repus, repus avides, dans l’excroissance de nos vertiges. Vers je ne sais quelle planète, vers quelle étoile, mais avec toute la puissance de nos incompétences à nous traduire.

Inéluctable marche. Nous nous traversons comme des fantômes se glissent au travers des murs de glaise durcie, où surgissant de nos tombes, nous nous reconnaissons de nos masques et de nos griffes à n’être que la possession de nos espérances tels des vestiges qui ont sans doute besoin d’être fondés. Nous sommes des terrassiers, des éleveurs de colonnes, des bâtisseurs de temples. Et nos poussières boivent à nos cathédrales comme des sangsues assoiffées. Nous coiffons nos démons pour qu’ils fassent bonnes figures.

Une promesse nécessaire ?

Publicité
Commentaires
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 322
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité