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LA COLLINE AUX CIGALES
28 novembre 2009

E - 016 - Après.

Nu_96_97_07

Demain n’existe pas, dans la peine des rizières, dans l’envolée d’un flamand rose. Demain est une histoire que la nuit invente pour faire semblant. Demain est une musique, un hymne sans refrain.

Tu n’as pas vu, tu n’as pas su, tenir la main à la distance, à la présence de tes matins aux réveils incertains. Il est vrai que l’hiver arrive et que la bourrasque creuse jusque dans tes mots.

Demain n’existe pas, il rebondit dans les nuages, et occulte tous les visages que tu n’as pas reconnus. Demain te livre en dehors des frontières, le ferment de ce grain de riz que tu as jadis planté dans le jardin de tes mers solitaires. Demain est un rire, une joie sans qu’en-dira-t-on. Une source d’inconnu que tu portes déjà en toi comme un métronome qui fend la cadence d’une bribe d’insolence. Demain, tu n’en diras rien, juste un regard plissé, une jolie grimace, que tu peindras à l’instant.

Demain n’existe pas, dans le rêve nostalgique de tes baisers anciens. Demain t’emporte et ne te dit rien. Demain te tend la main lorsque tu t’effarouches de cette pluie qui aujourd’hui engourdie jusqu’à tes refrains.

Demain tu n’en sais rien. Demain te plie comme une feuille que tu as écrite hier et dont tu n’as reçu aucune réponse. Demain est une part rénovée des façades qui te cachent à tes souvenirs les plus délicats.

Demain tu voudrais lui dire… Demain c’est à quatre mains que tu te l’imagines. Demain te foudroie et te paralyse, tu as si peur, quoiqu’on en dise, qu’il broie tes regards et courbe tes songes dans l’immensité des possibles. Tes hypothèques d’hier te le disent, il ne te reste rien de certain. Tu ouvres ton ventre et c’est la nuit qui boit à tes reins.

Pour demain, vibrent encore des tonneaux d’ivresse où tu as pataugé comme un nénuphar se glisse dans une marre pour devenir une étoile. Vibrent encore les regrets mal défaits, les grimaces des heures lourdes et les éternels fouillis qui empêtrent les romances indéfinies.

Demain crie à ta porte et tu n’es pas prête. Demain n’efface rien mais bouscule tes lèvres et ta bouche et tu ne sais pas et tu ne sais plus comment dire je t’aime. Tu as si peur chaque nuit que se réveillent les fantômes qui poursuivent ton ombre. Tu as si peur et tu trembles comme une feuille morte qui va céder. Comme une feuille morte qui va s’envoler.

Demain est un autre jour, une autre histoire. Une histoire dans l’histoire et tu n’as pas encore recousu tous tes souvenirs à la mémoire que tu habites depuis toujours.

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Commentaires
A
Larmes de brume .
S
Oui, magnifique, d'une beauté sobre, d'une présence effacée, pleine. <br /> Un texte qui me touche et m'atteind.
H
magnifique, <br /> de tous, je crois que c'est celui que je préfère..
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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