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LA COLLINE AUX CIGALES
26 novembre 2009

E - 013 - Quelque part déroutant.

Nu_96_97_01

J’ai le souvenir d’une nuit, d’une nuit dépolie sur le revers du cœur. D’une nuit sans aucun matin, une nuit qui dure longtemps. Depuis je ne dors que d’un œil, depuis je dors du bout du cœur. Je dors dans la lenteur du secret des lumières.

J’ai le souvenir d’une nuit où quelque chose se perd, où quelque chose tombe, chute dans l’espace comme tombe une pluie qui importune.

Il manque toujours un mot. C'est le mot qui manque à toutes les phrases...

C’est une nuit sans emphase, un long mouvement fragile qui troue les mémoires. Je me souviens d’un ciel sans étoiles, d’une berceuse sans refrain. Une nuit de silence, un temps replié sur toutes les absences.

J’ai le souvenir d’une nuit, oubliée parmi toutes les autres. Une nuit si légère qu’elle s’évapore dans la peau de l’autre. Qu’elle s’efface comme une buée, comme un trait de craie, un tiret de nuage. Une nuit sans souvenir, une nuit de perles et de roches blottit dans un coin de peau, dans un grain de soupir.

Il manque toujours un mot. C'est le mot qui manque à toutes les phrases...

C’est une voix sans parole, une musique qui crépite comme un feu de cheminée. Une histoire muette qui s’inscrit sans lettre et sans dessin. Une nuit de voix basses et de murmures inaudibles, une nuit de presque rien. Un bout de toi, une brèche de moi, un océan sans lumière perdu dans un coin de nous.

J’ai le souvenir d’une nuit d’argile où les ombres se réveillent et dansent dans le silence profond comme des sirènes de fumée aux sourires qui piquent les yeux, aux visages qui froissent les cieux et délient les songes. Une nuit où les mains se rejoignent et parlent la langue des couvertures et celle des émotions. Une nuit fragile qui coule de son écrin comme une fontaine douce arrosant le matin.

C’était un matin charmant, une fin de nuit sans sommeil véritable, juste des regards sous les paupières, juste des souvenirs gravés dans des reflets incertains. Juste une mélancolie comme lorsque lambine de soi dans les yeux de l’enfant que l’on a connu que l’on a su et habité.

J’ai le souvenir d’une nuit qui n’aura connu vraiment ni le noir où tout s’efface ni l’aube prématurée submergeant l’espoir. Cette enfance perdue que la vie grignote et dont les copeaux remontent à la surface comme des bulles d’air cliquetant la surface d’une eau immobile.

De cette nuit sans limite j’ai gardé la peau moite et la sueur du vertige comme un enfant dort auprès de son nounours pour apaiser la crainte de s’endormir et ne plus se réveiller.

J’ai le souvenir d’une nuit d’argile qui cherche encore où va se coudre le jour.

Il manque toujours un mot. C'est le mot qui manque à toutes les phrases...

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Commentaires
A
Abbé, jamais ne prononcera le mot !! Quel bel exercice ! sur le mot !! rires
L
Le mot qui manque, on le cherche, on le trouve, mais il ne sera jamais celui que l'on cherche, il sera autre, pas tout à fait pareil.
A
Souvenir d'une nuit profonde comme la mer<br /> Souvenir d'une tendresse infinie<br /> Se souvenir à jamais <br /> Pour un jour<br /> Trouver le mot .
L
Le mot et la chose.<br /> <br /> Madame, quel est votre mot,<br /> Et sur le mot et sur la chose ?<br /> On vous a dit souvent le mot,<br /> On vous a fait souvent la chose.<br /> Ainsi, de la chose et du mot<br /> Vous pouvez dire quelque chose.<br /> Et je gagnerais que le mot<br /> Vous plaît beaucoup moins que la chose.<br /> Pour moi, voici quel est mon mot,<br /> Et sur le mot, et sur la chose :<br /> J'avouerai que j'aime le mot,<br /> J'avouerai que j'aime la chose.<br /> Mais, c'est la chose avec le mot,<br /> Mais, c'est le mot avec la chose,<br /> Autrement, la chose et le mot<br /> A mes yeux, seraient peu de chose.<br /> Je crois même, en faveur du mot,<br /> Pouvoir ajouter quelque chose ;<br /> Une chose qui donne au mot<br /> Tout l'avantage sur la chose :<br /> C'est qu'on peut dire encore le mot,<br /> Alors qu'on ne fait plus la chose.<br /> Et pour peu que vaille le mot,<br /> Mon Dieu, c'est toujours quelque chose !<br /> De là, je conclu que le mot<br /> Doit être mis avant la chose.<br /> Qu'il ne faut ajouter au mot<br /> Qu'autant que l'on peut quelque chose.<br /> Et pour quelque jour où le mot<br /> Viendra seul, hélas, sans la chose,<br /> Il faut se réserver le mot<br /> Pour se consoler de la chose.<br /> Pour vous, je crois qu'avec le mot,<br /> Vous voyez toujours autre chose.<br /> Vous dites si gaiement le mot,<br /> Vous méritez si bien la chose,<br /> Que pour vous, la chose et le mot<br /> Doivent être la même chose.<br /> Et vous n'avez pas dit le mot<br /> Qu'on est déjà prêt à la chose,<br /> Mais quand je dis que le mot<br /> Doit être mis avant la chose,<br /> Vous devez me croire à ce mot,<br /> Bien peu connaisseur en la chose.<br /> Eh bien, voici mon dernier mot,<br /> Et sur le mot et sur la chose :<br /> Madame, passez-moi le mot<br /> Et je vous passerai. la chose.<br /> <br /> Abbé de l'Attaignant
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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