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LA COLLINE AUX CIGALES
30 août 2009

→ 126 – Avorter du désespoir.

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Au bout de tout ce qui parait être, dans l’abstinence des échos du monde, dans le dévié de ce qui est, au bout des logiques irréprimandables : le probable comme une vision visiteuse, une passante qui passe et que rien n’arrête si ce n’est le hasard.

Et la perte qui nous écrit incessamment ce qui s’enfuit de nous, ce qui s’évapore ne laissant nulle trace, et la fuite identique à elle-même posée dans le prolongement des perditions comme un labyrinthe où l’on se perd et dont on ne revient pas.

Et la perte comme ce deuxième soi qui vit dans un autre, et la fuite comme un chemin entre les murs traversant les images.

Maintenant te toucher, t’ausculter, te caresser comme une matière vivante. Aux sens irréfléchis comme des dentelles légères et fragiles de perceptions, laissez le goût de recevoir et de palper l’insondable que rien ni personne ne connaît, ne sait.

La faim rassemble et déchire. La faim avide de connaître et de savoir nous donne des dents plus longues et plus affûtées. S’en servir nous désarticule et offre à nos visages des masques flous et liquides comme des bouillottes immenses distendues telles des breloques clownesques accrochées sur le fil du silence.

Au bout de tout ce qui parait être, le désespoir de ne jamais savoir ce qui est. Ce qui est demeure l’absence. La certitude n’est pas bâtie ni démolie c’est l’incertitude qui change. Et nous changeons dans rien d’identique, jamais pareil. La métamorphose nous a été inoculée. On a planté dans nos gorges l’âcre baiser de nos sources.

Si le monde ne faisait qu’un, je serais en lui, à lui. Mais il est multitude et je suis comme lui noué et dénoué de foisons, de bric-à-brac, d’antiquités et de foires aux puces qui se déplacent de marché en marchés. Et je marche aussi, sur les autres et sur moi-même avec le même pied qui me tient debout.

Si le monde n’était qu’à moi, ma patrie et mon cheval, je creuserai jusqu’au fins fonds des désastres qui me font t’aimer et te défier d’être cet autre chose qui n’a pas, qui n’est pas de la même sensibilité que celle de mon intime.

Stupides vacuités, combats des ombres, des squelettes des ombres qui luttent les unes contre les autres et où le seul vainqueur est le temps. Le temps indolore et incolore qui crisse sur la peau des jours qui se succèdent comme une pensée en diamant découpant le miroir où l’on se regarde.

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Commentaires
B
Bougrenette : Pardonne-moi, mais je vois l’accouchement nécessaire et l’avortement comme un acte chirurgical en correspondance avec des choix humain et non comme une prérogative indubitable. Pour le désespoir la maïeutique me semble indispensable : « Et la perte comme ce deuxième soi qui vit dans un autre… »<br /> Peut-être au dos du miroir, une aventure plus grande encore.
B
On dit que l'avortement est nécessaire, que ce qui devait naître n'était pas viable, que c'est une bonne chose au final, pour le désespoir cette théorie me parait plutôt cohérente. Et à force de perdre on en devient comme "troué" et on finira par ne plus se voir dans le miroir.
B
Peut-être, Boudi, comme le dit Mallarmé : « Toute âme est une mélodie qu'il convient de révéler »
B
Votre écriture est désespérément féminine...
B
virtuelle : Avorter comme un voyage au bout de la nuit… Aussi.<br /> « il était trop tard pour me refaire une jeunesse. J'y croyais plus ! [...] Moi, j'étais parti dans une direction d'inquiétude [...] Je l'aimais bien, sûrement, mais j'aimais encore mieux mon vice, cette envie de m'enfuir de partout » (page 229).
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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