→ 120 – Tu m’accompagnes.
Ce qui ne peut s’extraire des bouches et qui va s’écraser au fond de la gorge, ce qui invisible fouette le cœur comme un vent déchainé, tout s’en va gueuler solitaire dans le brouillard lapant des terres incultivées. Il faut être nomade pour envisager de fouler cet inconnu. Sans pays aucun. Vierge de charité. Livré à une éternité paraissant immobile d’où coule la fierté des temps souterrains.
La parole vide de pensée, le silence acculé à l’errance des vapeurs traversant les frontières, voilà ce qui n’existe pas prendre la forme d’un étrange désert. Paysage d’extrême aridité remplit d’axiomes perdus, champ de sable conservant en son centre la prière que l’espoir n’a pas su déterrer, que la vie n’a pas bâillonné mais qu’elle n’a pas, non plus, encerclé de tout son désir. Miettes d’échos ruisselants comme une pluie fine qui vomi le laissé pour compte, l’anonyme et l’orphelin.
Rien ne me conserve mieux que tes yeux qui m’ont recueilli à la perte. Rien ne voile aussi expressément et aussi voluptueusement que cette mer de ouate que tu as répandue sur toute l’étendue de ma déchéance. Un drap fin que transperce ta lumière. Tout est si proche et si lointain, le cœur dans ses morts passagères et le corps fendu de ses déboires à se lier au partage de ses émotions.
J’écoute battre mon sang auprès de ton feu et ta lumière me retient comme un enfant sauvé de la noyade.