→ 60 - Eternel ?

Là où l’ombre incarne la chute douloureuse et vaine… Dans la male de nuits blanches, ouverte et débordante, aux yeux d’invisibles audaces qui trahissent le vacillement de l’horizon suspendu à la solitude qui s’éventre comme une plaie infinie. Le noyau du vide emprunte une autre voix que la sienne pour prononcer ce que la vie délaisse ou abandonne.

Le regard droit plus fort que le sourire où demeure l’ile des possibles, habille la voix envoutante des échos où la couleur s’entasse comme des tonneaux sur un navire fantôme.

Scruter l’ombre où se cache ton visage au dessus des neiges ne suffit pas à découper l’innocence et il faut à tâtons défricher la pulpe des promesses lumineuses où la parole parle. Rien n’est terminé.

Chaque choix repu se dessaisi du propos qui l’a fait naître. Renouvelant sans cesse son appel vers d’autres routes. L’inconnu est sa seule voix. Chaque affirmation que son contraire n’affirme, se décharne comme un animal sans plus de peau, nu, livré à la brûlure de l’air qui aurait pu se suffire de gonfler ses poumons.

Chaque comment enfante une interrogation, enfante un problème. Et le mythe de penser se boursouffle.

Je me défais, je me déshabille, je me déleste. Il reste toujours une peau de trop. Une membrane tannée par l’envie ou le désir, une parenthèse fine où se glissent les épluchures réfractaires. Rien n’est terminé.

Charnel à l’unicité des consciences, je sens le vertige auquel je concède mes peurs. Mon enclos, mon jardin est ce lieu inhabité où les hommes n’ont pas accès, où le chaud et le froid n’ont pas d’emprise. Tout cela pour te dire, mon cœur : manifeste-toi, à l’exclusive de ta propre histoire, ma conscience ne s’affecte que de sa terminologie. Et, rien n’est terminé. Tout se perpétue. Ailleurs. Encore.